4ème dimanche de Carême année A 2024

A l’occasion du 2ème scrutin des catéchumènes, nous sommes invités à employer les textes de l’année A, comme dimanche dernier.

Chers frères et sœurs,

J’imagine que beaucoup d’entre vous connaissent l’émission « mariés au premier regard ». Mais de quel regard s’agit-il ? Parce qu’une des significations du mot regard est une « sorte de contrôle administratif » … C’est tout de suite un peu moins romantique… En tout cas, pour l’occasion d’aujourd’hui, en accueillant nos fiancés pour la bénédiction particulière et Fabrice pour son 2ème scrutin, on est sur une tout autre notion que celle de la téléréalité ou de l’administration civile…

Entre le regard de Dieu sur Samuel dans la 1ère lecture, le regard lumineux de St Paul dans la 2ème lecture et l’échange de regards entre Jésus et l’aveugle dans l’Évangile, on peut déjà deviner quelque chose de plus profond… La question cruciale est donc de savoir ce qu’est ce fameux regard de Dieu, et comment l’adopter.

  • Le choix du cœur

Dieu ne choisis pas aux apparences. Il choisit David, le plus petit et le moins fort de la fratrie. Il a fait pareil pour les hébreux en général. Il a choisi ce peuple parce que c’était le plus petit et le plus faible. Ça nous est rappelé de nombreuses fois dans tout l’AT. Et pourtant, est-ce un bon choix ? Parce que David va le trahir plusieurs fois… Tout comme Judas, et Pierre vont trahir Jésus. Dieu serait-il naïf ?

En fait, à travers ces exemples, ce que Dieu recherche, ça vaut pour tout le monde, c’est un cœur humble et disponible. Il sait qu’on est tous capable du pire. Mais il essaye quand-même. Parce qu’il sait qu’on est capable aussi du meilleur. Quand Jésus critique les Pharisiens et les Sadducéens dans l’Évangile, ce n’est pas tant pour désigner une partie de la population que pour désigner ce qui, en chacun de nous, se ferme à la rencontre et se fige sur des principes, aussi nobles soient-ils. Tout est dans la disposition du cœur.

  • La voix de la conscience

Quand on a un choix à faire, on a généralement en soi une « petite voix » qui nous chuchote un avis qu’on peut avoir du mal à suivre. C’est la voix de la conscience. Normalement, si on a un peu l’habitude de l’écouter, on l’aiguise de plus en plus à distinguer ce qui est lumineux de ce qui est obscure. C’est le conseil que donne St Paul : démasquez les activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon. Parce que « la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. »

La conscience est une aide précieuse pour porter un regard bon, vrai et juste sur les personnes et les situations. Elle aide à regarder ce qui est lumineux dans un choix. Mine de rien, cette petite aide discrète est salutaire, elle permet de regarder avec le regard même de Dieu. A condition de laisser Dieu illuminer cette conscience.

  • Ce qui élève l’âme

Dans l’Évangile qu’on a entendu, la grande question des disciples, et particulièrement celle du tribunal religieux, c’est de savoir si c’est le péché qui rend aveugle : le péché de la personne ou de ses parents. La réponse de Jésus c’est de dire que Dieu ne punit pas, donc on ne peut pas admettre que l’aveugle de naissance le soit à cause de son péché. Par contre, il fait une petite pirouette pour montrer que le péché rend le jugement aveugle. Il nous fait perdre le regard juste comme c’est le cas pour les pharisiens. Et si vous avez remarqué, on ne cite jamais le nom de l’aveugle dans ce passage. C’est peut-être une manière de dire que tout le monde peut être à sa place et peut recevoir la guérison de Dieu s’il la lui demande.

En tout cas, Jésus insiste sur l’ouverture des sens spirituels pour voir Dieu et voir son œuvre. La meilleure manière de travailler l’ouverture spirituelle, c’est de chercher ce qui élève l’âme en cultivant les vertus. Ce qu’on appelle vertu, c’est la force morale qui pousse à choisir le bien. C’est ce qu’on demande particulièrement pour les catéchumènes lors des scrutins, comme aujourd’hui. Et c’est ce qu’on est amené à approfondir dans la vie chrétienne au quotidien. Donc en plus d’écouter sa conscience, pour adopter le regard de Dieu, on peut se demander si ce qu’on s’apprête à dire ou à choisir élève l’âme…

Conclusion

Le regard de Dieu, ça passe par peu de choses… Pour qu’on s’y approche avec notre regard humain, ça ressemble à celui de quelqu’un qui découvre la foi. Tout est neuf et puissant, Dieu se révèle de manière lumineuse, la personne n’a pas encore toutes les déceptions qu’on peut avoir dans la découverte de l’Église ou d’autres chrétiens. C’est semblable aussi au regard de deux amoureux. L’autre est tellement lumineux qu’on est presque aveuglé sur les défauts… Mais dans ce genre de cas, les années passant, on a la vue qui baisse. Elle focalise sur ce qui ne va pas, ce qui est difficile, douloureux voire insurmontable.

D’où le petit effort spirituel à faire au fond de soi pour rechoisir le regard que les apôtres avaient à la Transfiguration. Pour se dire que l’effort à faire est celui de la volonté, la volonté de remettre ce qui est lumineux au centre de l’attention.

Regarder avec le regard même de Dieu, c’est ce qui rend vraiment heureux. On trouve son bonheur dans peu de choses. Et ça rend même joyeux ! Bonne nouvelle, aujourd’hui, durant ce temps de Carême, on est invité à une ascèse particulière : l’ascèse de la joie. Alors, chers amis, prenons le temps cette semaine, d’aller puiser la joie au fond de soi pour pouvoir la transmettre ensuite. C’est l’objectif principal qu’on peut particulièrement se fixer aujourd’hui jusqu’à dimanche prochain !

Amen.