4ème dimanche de l’Avent année B 2023

« Révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence, mystère maintenant manifesté… » La 4ème semaine du temps de l’Avent s’ouvre sur la révélation imminente de ce mystère… d’autant plus imminente que la semaine est réduite à sa portion congrue : quelques heures avant de célébrer un des deux piliers de notre foi chrétienne : Noël. Pour autant, on a quand-même quelque chose d’important à vivre pendant ces quelques heures, elles ne sont pas de trop pour se préparer, pour apprêter son cœur !

Entre les derniers préparatifs matériels pour la fête, éventuellement quelques dernières courses, aura-t-on le temps de fignoler la préparation spirituelle ? Si le temps est vraiment compté, on a au moins cette messe pour laisser à l’âme l’opportunité de respirer et de faire un peu de place à celui qu’on attend fermement.

Mais l’attend-on vraiment fermement le Messie ? Pour affuter l’attente messianique, quoi de mieux que de retourner aux sources, que de se remémorer ses origines. Un arbre est d’autant plus grand que ses racines sont profondes. Ainsi, notre désir sera d’autant plus aiguisé que notre connaissance du Mystère sera enracinée dans la foi juive.

Ce qu’on peut dire sur ce Mystère, c’est qu’il a une origine bien marquée. De la 1ère lecture avec le Roi David jusqu’au récit de l’Annonciation dans l’Évangile, on peut dire qu’on est plongé dedans ! Et ce qu’il y a de plus flagrant, c’est que Dieu lui-même a systématiquement l’initiative d’aller à la rencontre de l’homme pour lui parler, pour le rejoindre, pour chercher son amitié. Dieu est un passionné, un amoureux déterminé.

Avec David, c’est Dieu qui annonce qu’il va lui-même préparer son temple pour demeurer au milieu de son peuple ; avec Marie, il annonce qu’il va lui-même venir dans son sein pour à nouveau demeurer au milieu de son peuple qu’il compte élargir… Avec David, c’est un Temple de pierres qui va abriter la présence de Dieu ; avec Marie, c’est un temple de Chair qui va abriter cette même présence. À travers toute l’histoire du Salut, la présence de Dieu se fait en crescendo, de plus en plus concrète, vive, et délicate. Mais alors que doit être sa dernière venue à la fin des temps !?!? et que doit être sa venue actuelle, qu’il souhaite maintenant en nos cœurs ?!?!? Quelle puissance, quelle majesté, et quelle grâce !!!

Influencés par une théologie plutôt pessimiste qu’on retrouve dans le chant Minuit Chrétiens, on a tendance à voir Noël comme la venue de la lumière dans un monde complètement obscure, comme l’arrivée de la Grâce dans la déchéance du péché, etc. Ce n’est peut-être pas faux. Mais on peut aussi voir la Nativité du Christ comme la réalisation d’une promesse, comme le fiancé qui passe l’anneau au doigt de sa fiancée, comme une amitié qui se resserre un peu plus dans la traversée d’un moment difficile, comme un nouvel accord de paix entre deux pays déjà paisibles… C’est une nouveauté radicale qui émerge dans une réalité déjà partiellement présente.

Donc, si on se laissait faire pour ces quelques dernières heures qui nous séparent de la Nativité ? Il y a une forme de quiétude avant la grande révélation. Dans le livre de Samuel, on entend : « Le Seigneur lui avait accordé la tranquillité en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient. » Le signe le plus fort qui précède la Grâce, c’est souvent une grande paix intérieure. Puissions-nous, pour ces derniers moments avant l’effervescence, ne pas se laisser encombrer par les petits soucis du moment, pour sentir la paix nous envahir ; paix qui annoncera la venue de celui qu’on attend fermement.

Amen.