Petit enseignement sur le sacrement de Confirmation donné à des collégiens lors d’une retraite de préparation. C’est l’occasion d’un petit retour aux fondamentaux…
Intro
Hier, vous avez travaillé des passages du Youcat, vous avez cherché un peu de vous-mêmes ce qu’étaient l’ES et le sacrement de Confirmation… Aujourd’hui, j’aimerais vous faire un petit résumé en vous redonnant quelques points clés.
2 étapes : d’abord, on récapitule ce que sont les sacrements. Et ensuite, on parle de l’ES dans la vie.
I- Les sacrements
Pour développer la vie chrétienne, il faut être initié, il y a des étapes. L’initiation, c’est du latin initiatio qui veut dire qu’on est admis dans la connaissance de mystères. La foi, c’est un mystère qui comprend plein de mystères. Et qu’est-ce que c’est un Mystère pour nous, chrétiens ? Un mystère, c’est quelque chose qu’on n’a jamais fini d’expliquer. Ce n’est pas quelque chose d’indescriptible ou d’obscure. Au contraire.
Donc la foi, c’est comme pour pouvoir conduire une moto. Il faut passer le code, puis un premier permis, puis un 2ème permis, … Pour entrer dans la foi, dans la connaissance des Mystères de la foi, il faut une première étape, puis une 2ème, puis une 3ème. On appelle ça des sacrements. Et qu’est-ce que c’est un sacrement ? C’est un rite, une série de signes et de symboles avec des choses toutes simples de la vie, qui ouvrent à quelque chose d’invisible, de très intérieur. Un sacrement, c’est le signe visible d’une réalité invisible.
Et des sacrements, on en a 3 catégories : les sacrements d’initiation, pour bien démarrer dans la foi ; les sacrements de guérison pour soutenir quand ça flanche ; et les sacrements du service de la communion, pour s’engager toute sa vie dans une mission de communion pour l’Église, avec la grâce de Dieu.
1- Les sacrements d’initiation chrétienne
Baptême
C’est la base de tout. C’est LE sacrement qui ouvre la possibilité de recevoir tous les autres sacrements de l’Église. Et qu’est-ce qu’il se passe au baptême ?
On a des symboles extérieurs pour montrer ce qu’il se passe à l’intérieur, dans notre âme, dans notre cœur, dans notre spiritualité. Les symboles :
- L’entrée dans l’Église, on reçoit :
- Un nom : on devient une personne très particulière aux yeux de Dieu et de l’entourage, c’est le rite de chaque nouvelle naissance. Quand on naît, les parents donnent un nom. Quand on entre dans l’Église, c’est une nouvelle naissance, on reçoit un nom
- Des aînés dans la foi (parrain, marraine) : la foi ne se vit pas tout seul, on a besoin de la communauté, on a besoin d’anciens.
- Le signe de la croix : symbole des chrétiens, de l’amour de Dieu, de l’union du Ciel et de la terre.
- L’admission dans l’Église : on entre dans l’église de pierres, et dans l’Église de St Pierre, dans la grande famille des chrétiens.
- Les rites préparatoires
- Prière de délivrance et exorcisme : on arrache la personne (enfant ou adulte) à l’emprise que le diable a sur elle
- Imposition des mains : protection, succession prophétique et apostolique
- Le baptême
- Plongé dans l’eau : plongé dans la mort et la résurrection du Christ
- Onction avec le Saint-Chrême : onction de roi (rite de l’AT)
- Remise du vêtement blanc : pour signifier le pardon de TOUS les péchés au baptême, on revêt l’habit de lumière !
- Remise du cierge : symbole de la lumière de la foi qu’il faut entretenir toute sa vie, symbole de la transmission d’un feu. « La tradition, ce n’est pas l’adoration des cendres, c’est la transmission d’un feu » (Gustav Mahler)
- La communion
- Notre Père : LA prière des chrétiens, la transmission de Jésus
- Les registres : l’Église prend au sérieux ce sacrement. Il y a un engagement réciproque baptisé-Église. On n’est pas fiché, on est enregistré. La marque temporelle des registres symbolise la marque éternelle dans le cœur de Dieu.
Si on avait seulement conscience de l’enjeu du baptême… ! On change vraiment en profondeur !!!
CEC 1213 Le saint Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne le porche de la vie dans l’Esprit (vitæ spiritualis ianua) et la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l’Église et faits participants à sa mission : » Le Baptême est le sacrement de la régénération par l’eau et dans la parole «
CEC 1253 Le Baptême est le sacrement de la foi (cf. Mc 16, 16). Mais la foi a besoin de la communauté des croyants. Ce n’est que dans la foi de l’Église que chacun des fidèles peut croire. La foi qui est requise pour le Baptême n’est pas une foi parfaite et mûre, mais un début qui est appelé à se développer. Au catéchumène ou à son parrain on demande : » Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » Et il répond : » La foi ! « .
1254 Chez tous les baptisés, enfants ou adultes, la foi doit croître après le Baptême. C’est pour cela que l’Église célèbre chaque année, dans la nuit pascale, le renouvellement des promesses du Baptême. La préparation au Baptême ne mène qu’au seuil de la vie nouvelle. Le Baptême est la source de la vie nouvelle dans le Christ de laquelle jaillit toute la vie chrétienne.
En bref, le baptême :
- Est la porte d’entrée aux autres sacrements
- Ouvre à la vie nouvelle dans le Christ
- Incorpore à l’Église
- Offre la rémission de tous les péchés
- En cas de nécessité, toute personne peut baptiser, pourvu qu’elle ait l’intention de faire ce que fait l’Église, et qu’elle verse de l’eau sur la tête du candidat en disant : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».
Si j’ai pris autant de temps pour vous redire ce qu’est le baptême, c’est qu’il y a un intérêt ! C’est au baptême qu’on devient chrétien, qu’on a des droits et des devoirs. C’est au baptême qu’on obtient une dignité nouvelle. C’est à partir du baptême qu’on peut exceptionnellement devenir parrain, marraine, qu’on peut se marier à l’Église ou prendre le chemin d’une vocation consacrée dans un ordre ou au séminaire. Mais le baptême n’est pas suffisant… Il doit être suivi de la confirmation pour compléter la grâce de Dieu, et pour pouvoir devenir parrain, marraine, etc. de manière normale, ordinaire, c’est à dire sans dérogation.
Confirmation
CEC 1285 : « […] la réception de ce sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale. En effet, » par le sacrement de Confirmation, le lien des baptisés avec l’Église est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » »
C’est un sacrement qui confirme et affermit la grâce baptismale. Comme au baptême, on reçoit l’imposition des mains et l’onction du Saint-Chrême.
CEC 1302 Il ressort de la célébration que l’effet du sacrement de Confirmation est l’effusion spéciale de l’Esprit Saint, comme elle fut accordée jadis aux Apôtres au jour de la Pentecôte.
Effusion, c’est du latin effundere qui veut dire « se répandre ». On parle d’effusion de l’Esprit Saint quand il se répand dans tout l’être. Parfois on peut le sentir physiquement, parfois c’est par une certitude plus intellectuelle, ou bien d’autres fois, par des évènements dans la vie. Mais si on ne remarque rien et on ne sent rien, ça ne veut pas dire qu’il n’est pas efficace et qu’il n’agit pas. Ça veut simplement dire qu’on ne le remarque pas et qu’on ne le voit pas…
1303 De ce fait, la Confirmation apporte croissance et approfondissement de la grâce baptismale :
- elle nous enracine plus profondément dans la filiation divine qui nous fait dire » Abba, Père » (Rm 8, 15) ;
- elle nous unit plus fermement au Christ ;
- elle augmente en nous les dons de l’Esprit Saint ;
- elle rend notre lien avec l’Église plus parfait ;
- elle nous accorde une force spéciale de l’Esprit Saint pour répandre et défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ, pour confesser vaillamment le nom du Christ et pour ne jamais éprouver de la honte à l’égard de la croix.
En bref, la confirmation :
- est une nouvelle effusion de l’Esprit Saint (participation sacramentelle à la Pentecôte)
- donne la grâce d’assumer sa foi et d’en témoigner publiquement
- achève le baptême (passage du permis A2 au permis A : ça ajoute un potentiel de puissance)
- affermie la personne confirmée dans la communion ecclésiale
Eucharistie
Source et sommet de la vie ecclésiale.
La communion accroît l’union au Christ, elle restaure la perte de forces spirituelles, elle vivifie la charité en nous, elle réalise le corps mystique du Christ (l’Eucharistie fait l’Église), et elle produit bien d’autres fruits spirituels en nous. Elle est en quelque sorte le pain de la route.
Quand on est catholique, on est tenu de venir à la messe le dimanche pour honorer le Seigneur, pour se ressourcer auprès de lui, et pour vivre la charité fraternelle au sein d’une communauté paroissiale.
2- Sacrements de guérison
Pénitence et réconciliation
Le baptême pardonne tous les péchés. Par contre, comme on est imparfait, le péché nous abîme petit à petit. Alors, on a besoin de la confession pour retrouver la pureté du baptême. Quand on est catholique, il nous est demandé de se confesser au moins une fois par an. C’est un prérequis pour pouvoir communier.
Onction des malades
C’est un sacrement qu’on peut recevoir quand on a une maladie grave, qu’elle soit physique ou psychique. Le Christ lui-même vient visiter le malade, lui donner sa force dans la maladie, l’apaiser spirituellement, et parfois même le guérir.
C’est aussi un sacrement qu’on peut recevoir juste avant de mourir. C’est une préparation au passage à la vie éternelle.
Il comprend 3 sacrements en un : le pardon des péchés, l’onction & l’imposition des mains, et l’Eucharistie quand c’est possible. Dans tous les hôpitaux il y a une aumônerie, on peut donc demander le sacrement. Il y a des prêtres affectés pour le donner.
En bref :
- CEC 1528 Le temps opportun pour recevoir la Sainte Onction est certainement arrivé lorsque le fidèle commence à se trouver en danger de mort pour cause de maladie ou de vieillesse.
- CEC 1529 Chaque fois qu’un chrétien tombe gravement malade, il peut recevoir la Sainte Onction, de même lorsqu’après l’avoir reçue la maladie s’aggrave.
- CEC 1530 Seuls les prêtres (presbytres et évêques) peuvent donner le sacrement de l’Onction des malades ; pour le conférer ils emploient de l’huile bénite par l’Evêque, ou, au besoin, par le presbytre célébrant lui-même.
3- Sacrements du service de la communion
Ordre
Le sacrement de l’Ordre a été reçu d’abord par les Apôtres qui l’ont transmis à d’autres, etc. jusqu’aujourd’hui. L’Église est probablement l’unique institution qui a une telle « traçabilité » au fil des siècles pour remonter jusqu’au fondateur. On appelle ça la « succession apostolique ».
L’Ordre a pour but d’agir sacramentellement et structurellement au nom du Christ. Ceux qui sont ordonnés, dans les actes de leur ministère, agissent en la personne du Christ-tête et en la personne du Christ-Église. C’est long à expliquer, mais en bref, ça veut dire que ceux qui sont ordonnés intercèdent au nom du peuple de Dieu vers Dieu ; et qu’ils sont aussi dans l’autre sens des médiateurs de la grâce que Dieu donne à son peuple, à travers les sacrements et le gouvernement de l’Église.
Le sacrement de l’ordre se répartit en 3 degrés :
- L’épiscopat qui est la plénitude du sacrement de l’Ordre (les évêques)
- Le presbytérat qui est la coopération à la charge épiscopale (les prêtres)
- Le diaconat qui est plus tourné vers le service de tous.
Les trois degrés reçoivent l’imposition des mains, et les prêtres et évêques reçoivent l’onction.
Mariage
CEC 1601 » L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement « .
Ça veut dire que le 1er sacrement de l’humanité, c’est le mariage, c’est l’alliance d’Adam et Ève. L’union est tellement belle que Jésus en a fait un sacrement. Et du coup, comme il agit aussi en-dehors du temps, tous ceux qui se sont mariés de manière dite « naturelle » ont reçu le sacrement. C’est compliqué à comprendre, c’est normal… C’est la générosité de Dieu qu’on appelle « la grâce ».
Je pourrais dire beaucoup de choses sur le mariage, mais ce n’est pas le lieu, et je n’ai pas le temps de le faire. Tout ce que vous pouvez retenir, c’est que le mariage est un chemin de sainteté magnifique, lui aussi !
II- La vie avec le Saint-Esprit
La vie dans l’Esprit-Saint, c’est la vie normale d’un chrétien. CEC 1699 « La vie dans l’Esprit Saint accomplit la vocation de l’homme (vocation à la sainteté qu’on reçoit au baptême). Elle est faite de charité divine et de solidarité humaine (C’est le double commandement de Jésus : aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit, et aimer son prochain comme soi-même). Elle est gracieusement accordée comme un Salut (c’est ce qui nous permet de commencer dès maintenant la vie éternelle qu’on espère prolonger après notre mort). »
En bref, quand on est baptisé, on reçoit une vocation à la sainteté : c’est de donner sa vie pour Dieu et pour les autres. Après, il y a des vocations particulières comme le mariage, la vie consacrée, la vie religieuse ou l’Ordre. Mais d’une manière générale, tout baptisé est appelé à être un saint, à être la lumière de Dieu dans le monde. Aimer Dieu et aimer son prochain, c’est être saint. Et comme être saint ça rend heureux, être saint, ça rend aussi lumineux. Donc quand on aime Dieu et son prochain, on est lumineux.
Vous savez qu’on est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ! C’est extraordinaire !! On est, chacun, une icône précieuse de Dieu. Mais vous savez aussi que l’icône, elle est un peu ternie… On porte tous en nous une blessure, c’est celle du péché originel. Cette blessure, c’est celle qui nous attire vers le mal, celle qui nous rend orgueilleux, imbu de soi-même, égoïste, tout ça tout ça… Alors, pour nous aider à lutter contre ce mal, Dieu nous a donné plusieurs moyens. Et le moyen principal, c’est lui-même dans la personne du Saint-Esprit.
Plus on est familier avec le Saint-Esprit, plus on développe des qualités pour lui ressembler progressivement. L’action du Saint-Esprit dans la vie, on peut la retrouver concrètement dans 3 aspects. Un 4ème aspect nous montre la présence du Saint-Esprit quand il est passé.
La conscience
Le premier, c’est que le S-E éclaire la conscience. Vous savez qu’un des principes très importants de l’Église, c’est la liberté. C’est de faire des choix librement et en conscience. Pourquoi ? Parce que la conscience est le sanctuaire de l’homme où il peut s’entretenir avec Dieu. La conscience, c’est comme le Jiminy Cricket dans Pinnochio, c’est la petite voix intérieure qui donne son accord moral, éthique sur une décision ou un acte. Mais la conscience, on peut aussi la bâillonner… Alors, c’est important de prier le S-E pour l’éclairer, pour pouvoir parler et agir avec plus de justice.
Les vertus
La deuxième action du S-E, elle porte sur les vertus. Je les évoque juste comme ça, que vous puissiez les avoir dans l’oreille. Les vertus, c’est ce qui inspire une vie en adéquation avec sa conscience. Il y en a 2 types, les vertus naturelles, celles avec lesquelles on naît, quelle que soit la religion qu’on a ; et celles qui sont surnaturelles, qui sont données par Dieu :
- Les vertus cardinales (ou humaines) :
- La prudence ;
- La justice ;
- La force ;
- La tempérance.
- Les vertus théologales (ou données par Dieu) :
- La foi ;
- L’espérance ;
- La charité.
Les dons du Saint-Esprit
La troisième action du S-E, c’est une aide pour soutenir la vie chrétienne. Cette aide, c’est 7 dons qui sont renouvelés et développés à chaque fois qu’on les demande, à chaque fois qu’on prie le S-E, ou à chaque fois qu’on reçoit un sacrement :
- Sagesse
- Intelligence
- Conseil
- Force
- Science
- Piété
- Crainte de Dieu (respect de Dieu)
Les fruits du Saint-Esprit
Comme je le disais, le S-E est discret, il agit le plus souvent sans qu’on le sache ou qu’on s’en aperçoive. Du coup, c’est difficile de « l’intercepter ». Alors, pour le reconnaître avec un moyen infaillible, il faut être attentif à ce qu’il a semé. C’est en quelque sorte sa signature quand il est passé. On appelle ça les fruits de l’Esprit.
Quand le démon passe, on reconnaît très facilement ses fruits pourris, c’est la haine, la colère, l’insatisfaction, le trouble, le doute, la division, etc.
Le S-E, c’est tout l’inverse. Le fruit par excellence, c’est l’amour. Et on peut le décliner en 12 nuances différentes (Ga5,22-23) :
- Charité
- Joie
- Paix
- Patience
- Longanimité (patience à supporter ses propres maux, indulgence)
- Bonté
- Bénignité (Bienveillance)
- Mansuétude (bonté indulgente)
- Fidélité
- Modestie
- Continence
- Chasteté.
Conclusion
Je vous invite à prendre conscience que le parcours de la vie chrétienne est une grande et belle aide avec les sacrements. Je vous invite aussi à être fidèle dans votre prière quotidienne et dans la pratique, le dimanche. Parce que c’est un moyen de comprendre l’intelligence de l’Église, sa pédagogie ; et c’est un moyen de mieux recevoir tout ce que Dieu vous donne.
Je vous invite aussi à être familiers du S-E, à le prier régulièrement pour qu’il puisse agir dans vos vies. C’est juste une question de bonheur, d’être heureux. Être chrétien, aimer Dieu et son prochain, ça rend heureux !