11ème dimanche du temps ordinaire année B 2024

Chers frères et sœurs,

Comme vous le savez, les lectures des dimanches se suivent et offrent généralement une certaine progression pour grandir dans la foi et l’attachement au Christ. La semaine dernière, on a réfléchi sur la manière de percevoir et d’accomplir la volonté de Dieu. Or, cette volonté, une fois qu’on l’a comprise, il s’agit de passer à l’action et de déployer des moyens pour la mettre en œuvre. On y investit du temps, de l’énergie, de l’attention, de la fidélité, de la vertu, peut-être même quelques moyens matériels… Cette semaine, je vous propose donc de nous attarder sur la manière de gérer un investissement. On a l’objectif en tête, on est devant une feuille blanche, et on réfléchit sur la manière d’investir et de déployer intelligemment nos petits moyens.

  • Être capable de rêver

On a du mal avec ça. Et particulièrement les français ! Avec cette manie de se plaindre tout le temps, d’un côté on est insatisfait de la réalité, et de l’autre on a la mauvaise habitude de mal rêver. C’est-à-dire qu’on rêve d’être ailleurs pour les mauvaises raisons. La question importante à se poser, c’est celle du Seigneur dans Ézékiel. Si vous avez remarqué, Dieu place lui-même un sommet encore plus haut. Il prend une bouture du grand cèdre pour la placer sur une montagne plus élevée, et la bouture s’accroît et devient féconde.

Nos sommets ne sont jamais assez hauts ! Le but est placer l’existant encore plus haut. Ce qu’on cherche quand on rêve, c’est souvent une autre existence… Mais notre existence est déjà super. Comment est-ce que je la rêve à une hauteur que je n’imagine même pas ? Et ça, on l’explique très bien avec les biais cognitifs. Par ex, quand on rencontre quelqu’un, on lui met très vite une étiquette parce qu’on voit rapidement sa personnalité et ses défauts. Le regard qu’on devrait porter, c’est celui d’une personne déjà super, avec tout un potentiel qui sommeille encore. Et ça marche avec soi-même, avec ses projets, etc.

  • Tenir un objectif

St Paul nous en donne un assez simple : plaire au Seigneur. C’est d’ailleurs ce qu’on fait quand on cherche à réaliser la volonté de Dieu. Parce que toujours selon St Paul : « Il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ. » On cherche souvent à plaire, mais pourquoi ? Pour faire plaisir à d’autres ? Pour qu’on ait une bonne image de moi ? Pour me sentir bien ? Pour avoir une belle récompense ?

Peut-être que l’objectif principal, c’est bien de plaire au Seigneur. Parce que quoi qu’il arrive, c’est notre bien le plus précieux : connaître Dieu et l’aimer. C’est ce qui nous rend heureux. Donc même dans les moments les plus difficiles, lorsqu’on a envie de lâcher les résolutions, les bonnes habitudes, les rêves, l’objectif qu’on se fixe reste une balise. C’est la question du pourquoi. Quand on perd le sens de ce qu’on fait, on se remémore la raison. C’est une manière de renforcer sa détermination. Pourquoi est-ce que je le fais ?

Par ex : me lever 10 min plus tôt chaque matin pour prier, ça ne change finalement pas ma vie et ça me tape sur le système. Pourquoi est-ce que je le fais ? Parce que ça me rapproche de Dieu, parce que quand je m’occupe de ses affaires il s’occupe des miennes, parce que sur la longue route ça me rend heureux.

  • Lâcher prise

C’est un conseil de Jésus. « Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » Si on a la foi, quand on a réfléchi à ce qu’il y avait de mieux à faire, et quand on l’a fait… c’est le moment de lâcher prise. Ce qui est accompli dans la volonté du Seigneur prendra vie par le travail de l’Esprit Saint. Et même le plus petit investissement fait dans la foi sera largement fécond. C’est l’histoire de la fameuse graine de moutarde : « Quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères. »

On cherche bien souvent à grandir à la place de la petite pousse… Mais c’est à elle de faire son chemin. Éventuellement, on arrose, on bêche autour… « Ce petit temps de 10 min que je prends pour toi chaque matin, Seigneur, je te l’offre. Quoi qu’il s’y passe, que je ressente quelque chose ou qu’il ne se passe rien, ces 10 min je te les abandonne. Et je m’y tiens. » Chacun son travail, nous on fait le nôtre, et Dieu fait le sien.

Conclusion

L’investissement de son temps, de sa volonté, de son énergie, etc., il demande d’abord d’être visionnaire pour faire l’effort d’un autre regard et chercher un bien plus grand à partir de ce qu’on a déjà. Si on veut qualifier le regard d’un chrétien, on peut dire que c’est un insatisfait optimiste. Parce qu’un chrétien cherche toujours plus haut, et que malgré tout, il est heureux de savoir Dieu à ses côtés en tout temps.

Ensuite, cet investissement demande une double énergie pour croître. C’est l’accord de notre initiative avec la grâce de Dieu. Une fois que la semence est en terre, on laisse Dieu déployer sa force vitale à travers l’Esprit Saint. Mais il faut quand-même planter à l’origine… ! C’est là tout l’art de la vie chrétienne, de maintenir l’équilibre entre l’effort qu’on fournit pour agir, et le détachement qu’on doit opérer pour laisser Dieu féconder notre action. C’est le rythme de la marche : je fais un pas, et Dieu fait le suivant.

En cette fin d’année scolaire où on est plutôt orienté sur le dernier effort à fournir avant l’été, les bilans avant de laisser reposer ce qu’on a semé dans le semestre, je vous propose de prendre un petit temps d’introspection cette semaine. Je vous propose une petite halte spirituelle, pour confier au Seigneur les résultats de tous les investissements effectués dans l’année, et particulièrement des plus petits parce que c’est ceux qu’il veut les plus grands !

Amen.