Ascension 2024

Chers frères et sœurs,

En lisant les textes, j’ai été frappé par un détail… Si Jésus monte au Ciel, il faut quelques jours, voire quelques semaines avant qu’il n’envoie le Saint-Esprit… Donc, en attendant, les disciples restent entre eux, peureux, attendant que quelque chose se passe, mais sans vraiment savoir ce que c’est, ni quand ça arrivera ! Pourquoi le Seigneur a-t-il voulu ce petit moment de latence sans qu’il ne se passe grand-chose de tangible ?

Si on le voit du point de vue de la liturgie, le temps pascal invite à une certaine progression. Au fil des dimanches, on goûte à la joie de la Résurrection, on fait l’expérience de la Miséricorde de Dieu, Jésus apparaît, et petit-à-petit il annonce qu’il va faire un cadeau, qu’il va souffler son Esprit sur eux… et puis il s’en va. Ascension, plus d’image, plus de son, on bascule dans une attente mystérieuse, avant la Pentecôte où l’Église naîtra et partira aux quatre coins du monde pour proclamer l’Évangile.

À bien y réfléchir, il me semble que cette petite attente permet un processus de maturation. En psychologie, on parle de frustration : l’apprentissage du manque permet de susciter le désir. C’est une étape nécessaire dans la croissance de l’enfant, et même de la vie d’adulte. Cette frustration provoquée par l’absence de Jésus permet donc d’éveiller deux désirs importants pour notre vie chrétienne.

  • Le désir du Ciel

« Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. » St Paul, 2ème lecture.

On a une vocation à l’espérance !! L’espérance de ressusciter un jour, l’espérance de voir le retour du Christ à la fin des temps, l’espérance de manifester le Ciel déjà ici par notre communion à l’Église. Tout simplement ! Jésus monte au Ciel avec son vrai corps, et il promet de revenir, c’est très fort !! Ça nous ouvre le chemin de la vie éternelle, et ça nous permet de désirer le rejoindre un jour, une fois notre travail accompli sur terre. L’absence de Jésus permet d’aiguiser notre espérance.

  • Le désir de l’ES 

« Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. »

Le manque de Jésus rend les disciples trouillards ! Ils s’enferment entre eux pour prier. Ce n’est que lorsqu’ils recevront l’ES qu’ils pourront partir témoigner et assumer pleinement leur foi. C’est la raison pour laquelle l’Église latine a souhaité attendre avant de donner la confirmation aux enfants baptisés. La rencontre avec Jésus pendant le baptême est tellement un événement important dans la vie qu’il y a besoin de temps pour digérer cette étape avant de passer à celle du témoignage. L’ES, c’est la présence de Dieu qui pousse au témoignage et à la mission. C’est le petit plus qui achève la grâce du baptême. C’est la grâce de devenir courageux pour assumer sa foi, et la grâce de sentir qu’on est lié au corps ecclésial.

Conclusion

À partir d’aujourd’hui, la liturgie nous invite à nous plonger dans l’attente de l’ES. L’idée est de creuser le désir pendant 9 jours. C’est une forme de temps de l’Avent, mais en plus court ; et puis on n’attend pas l’enfant Jésus, mais le Saint-Esprit.

Pour vivre au mieux ce temps d’attente, on peut penser à tous ceux dans nos communautés qui attendent de recevoir le sacrement de la Confirmation la semaine prochaine à la cathédrale. On peut penser à tous ceux qui recommencent un parcours de foi, attirés par des influenceurs cathos sur les réseaux sociaux ou par leurs grands-parents. Sur notre paroisse j’ai encre reçu quelqu’un cette semaine qui demande à faire la 1ère communion et la confirmation… Les soutenir de notre prière et de notre présence fraternelle, c’est déjà une manière concrète de manifester le désir d’une plus grande communion ecclésiale et le désir de recevoir l’ES dans nos paroisses.

Amen.