4ème dimanche du temps ordinaire année B 2024

Chers frères et sœurs,

Connaissez-vous le petit exercice spirituel qu’on appelle « l’examen de conscience » ? On peut aussi trouver le vocable de « révision de vie » pour parler sensiblement de la même chose. C’est une technique très ancienne qui consiste en un bref exercice quotidien, du moins régulier, pour sonder le sanctuaire intérieur de sa conscience. C’est le lieu privilégié et inviolable dans lequel on peut entrer en conversation avec Dieu lui-même. Vu comme ça, ça fait rêver, non ? En fait, si on ne prend pas le pli d’être très régulier, il devient de plus en plus difficile d’entendre le Seigneur nous parler.

Parce qu’une des grandes questions qu’on porte tous de manière plus ou moins explicite, c’est celle de reconnaître le Seigneur, et de discerner sa volonté. D’ailleurs, je suis assez marqué par la réponse des jeunes, actuellement, face à l’angoisse de l’avenir qu’on leur sert en permanence. Beaucoup se demandent comment faire dans tout ce marasme pour accomplir la volonté de Dieu. Dans les lectures de ce dimanche, j’ai relevé trois points essentiels pour affûter sa conscience, et y trouver un lieu de rendez-vous avec Dieu.

  • Reconnaître les prophètes

« Le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. » Signé Moïse. Des prophètes aussi grands que lui, il n’y en a pas eu beaucoup. Par contre, des gens qui ont exercé la fonction prophétique, comme lui, il y en a largement plus !! On connaît les prophètes bibliques, on connaît le charisme de prophétie donné par le Saint-Esprit dont parle St Paul, mais il y a aussi la prophétie ordinaire qu’on peut avoir tendance à oublier… Prophète vient du grec, ça signifie littéralement « celui qui dit à l’avance ». On l’interprète souvent à tort comme un devin qui prédit du malheur à venir. Dans notre cadre religieux, c’est plutôt à entendre comme celui qui avertit des conséquences futures de ce qu’on fait maintenant.

En fait, le prophète, il cherche à réveiller les consciences… et ça tombe bien quand on veut sonder sa propre conscience pour chercher la volonté de Dieu ! Des prophètes on en a une multitude autour de nous. Déjà, c’est une des 3 fonctions reçues au baptême. Donc tout baptisé est un prophète à écouter ! Mais nombreux sont les exemples bibliques qui nous montrent des personnes qui prophétisent, tout en n’étant pas israélites. Donc à l’examen de conscience du soir, on peut voir des prophéties dans de nombreuses situations qui n’engagent pas forcément d’autres chrétiens…

  • Préserver sa liberté

« Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. » C’est le résumé qu’on peut retenir de la lecture de St Paul, au-delà des prises de tête qu’on peut se faire sur le célibat. C’est comme le passage de la semaine dernière où il disait que ceux qui font quelque chose fassent comme s’ils ne le faisaient pas. Derrière ses phrases alambiquées, il y a une quête essentielle à la vie spirituelle et à une conscience éveillée : la liberté. C’est probablement le plus grand don que Dieu nous ait prodigué. La liberté. C’est la condition sine qua non de l’amour véritable. Et étant la condition de l’amour véritable, attribut de Dieu, c’est aussi la condition pour recevoir un sacrement ! C’est la raison pour laquelle on prend du temps avant de baptiser, de marier, d’ordonner, etc.

Pour être vraiment libre, il faut bien savoir ce à quoi on s’engage, donc on prend le temps d’expliquer, et de sonder pour voir si ce critère est honoré. C’est d’ailleurs un critère pour bien d’autres petits choix. Si je dis oui, est-ce que je resterai vraiment libre ? Si je suis engagé dans une relation, dans un achat, dans un compromis, … est-ce que je suis bien libre ? La liberté n’est pas tant de faire ce qu’on veut, que d’être détaché de la situation dans son cœur. La liberté est la garantie d’un amour vrai.

  • Nourrir une foi authentique

Dans son livre La foi des démons, Fabrice Hadjadj montre bien que les esprits impurs dont on parle dans l’Évangile, ont la foi. C’est manifeste dans celui qu’on vient d’entendre « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? » Ils sont les 1ers à reconnaître la divinité de Jésus. Même les démons ont la foi, ils croient que Dieu existe. Mais ils ne croient pas en Dieu. La singularité du chrétien, c’est d’avoir une relation avec Dieu. Une foi dans laquelle on admet l’existence de Dieu tout en niant son interaction avec l’homme, est une foi viciée.

La foi des disciples de Jésus et de tous ceux qui le suivent, c’est une foi peut-être hésitante et pas très assurée, mais c’est une foi vivante et relationnelle. On a fait la rencontre de Jésus, on l’aime, on l’écoute, et on se met à sa suite. Dieu, dans la personne de Jésus, s’est rendu pleinement accessible ! Et dans cette relation authentique, notre conscience est petit-à-petit éclairée et transcendée.

Conclusion

Comment comprendre Dieu et réaliser sa volonté ? C’est une vaste question qu’on approfondit toute sa vie… Une chose est sûre, c’est qu’on ne peut pas le faire tout seul, avec son Jésus, dans le tréfond de son cœur. La foi grandit à mesure qu’on se laisse bousculer par les autres, par la communauté chrétienne, par la fréquentation de la Parole de Dieu et des sacrements. Une vie relationnelle et spirituelle riche permet d’alimenter cette petite graine de la foi, et d’illuminer toute la vie.

C’est justement dans cette lumière qui se fait de plus en plus puissante dans la conscience, qu’on peut trouver des réponses aux questions, des interpellations sur notre agir, et qu’on peut comprendre la volonté du Seigneur. Parce que la foi est une histoire d’amour, elle implique toute notre personne dans cette quête. Puisse cette semaine être pour chacun l’occasion de consacrer du temps à sonder sa conscience pour chercher et accomplir pleinement la volonté de Dieu.

Amen.

Référence Fabrice Hadjadj : https://www.laprocure.com/product/398430/hadjadj-fabrice-la-foi-des-demons-ou-l-atheisme-depasse