Solennité du Christ Roi de l’univers 2023

Chers frères et sœurs,

Généralement, on arrive dans le monde avec beaucoup d’aspirations, on a de grands désirs. C’est ce qu’on peut observer dans les discussions d’enfants quand ils parlent de leur avenir. Mais un jour vient la 1ère déception, puis la 2ème, et c’est une succession de déceptions. On est déçu du monde, de la société, de sa famille, de son couple, de soi-même… C’est la dure réalité qu’on se prend en pleine face ! Quand on remonte à la racine, on se rend compte que ces déceptions sont causées par le péché… une vieille blessure originelle qu’on porte tous, et qui altère souvent notre libre-arbitre. On fait le mal qu’on ne voudrait pas faire, et on ne fait pas le bien qu’on voudrait pourtant faire !

Et je dirais que cette déception, elle est particulièrement présente à notre époque. Il y a une espèce de morosité ambiante due, entre autres, à l’ère post-Covid, aux récessions économiques et aux conflits dans le monde. Toute cette ambiance triste et anxiogène a tendance à nous atteindre jusque dans la spiritualité, en affaiblissant notre espérance. C’est pourtant une vertu théologale, une vertu donnée par Dieu lui-même ! Alors, en cette fête du Christ Roi de l’univers, je vous propose 3 axes concrets pour doper notre espérance et stimuler notre capacité à désirer.

  • Libérer la puissance de vie

« De même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie. » Effectivement, on va recevoir la vie dans l’éternité qui nous est promise. Mais en attendant, on peut déjà commencer à la recevoir maintenant !

Dans l’Évangile, j’ai été marqué par ce verset : « Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » Les maudits héritent du châtiment, tandis que les justes héritent de la vie. Notre existence est éternelle, mais il n’y a qu’un choix, celui de la vie !! Est-ce que j’embrasse pleinement la vie qui m’est offerte ? Et ça commence dès maintenant, dans le don de soi. Les maudis n’ont pas vu le Christ autour d’eux puisqu’ils sont restés centrés sur eux-mêmes. Tandis que les justes sont ceux qui ont fait le bien naturellement, sans même s’en apercevoir ! Et ils n’ont pas semblé peiner, preuve que ça les a rendus heureux ; heureux de considérer l’autre pour ce qu’il est : aimable, parce qu’aimé de Dieu. La vie, on la reçoit par l’effusion de l’ES, dans le baptême, et on libère toute sa puissance par le don de soi, à l’image du Christ sur la croix.

  • Établir le règne social du Christ

C’est l’objet de l’encyclique Quas primas de Pie XI. En résumé, il dit qu’il faut que le Christ règne dans toute la société… Mais c’est une vaste tâche ! Alors la meilleure manière de changer toute la société, c’est de commencer tout petit : par soi-même. Et pour changer soi-même, il n’y a pas le choix, il faut être saint !! Et pour être saint, il faut d’abord changer de perspective. La sainteté n’est pas réservée à une élite, puisqu’on est déjà saint quand on est baptisé. On est des saints qui parfois commettent des péchés, c’est la vision de St Paul. La grâce précède le péché !

Donc la sainteté est l’objectif de tout chrétien. Elle se déploie, pour chacun, dans sa vocation propre. Et pour vous ici, elle se déploie dans le sacrement de mariage. Votre vocation est d’établir la royauté du Christ dans votre couple, et dans votre famille qui est la plus petite cellule de base de la société. Par cet effort de sainteté individuelle, conjugale, familiale, le règne du Christ advient donc progressivement et naturellement dans notre monde. C’est magnifique, non ?

  • Préparer le jugement dernier

Cette question des fins dernières n’est pas toujours claire. L’Église, dans son enseignement, distingue deux jugements : individuel et dernier. Le jugement individuel, c’est celui qui est immédiat à la fin de notre vie. L’âme est séparée du corps, et elle entre dans quelque chose qui n’est pas encore pleinement achevé. CEC 1022 « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours. »

Et puis il y a le jugement dernier qui adviendra juste après la Résurrection des morts, lors du retour glorieux du Christ. C’est un jugement en chair et en os quand on sera tous rassemblés. Le CEC 1038-1041 nous dit : « Le jugement dernier révélera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre. » Et pour préparer ce jugement dernier, notre travail consiste à aiguiser notre désir du retour du Christ. C’est la petite phrase qu’on chante pendant la messe à l’anamnèse : « nous attendons ta venue dans la gloire. » Est-ce qu’on chante machinalement, ou bien est-ce qu’on y met toute notre foi ?

Conclusion

La fête du Christ Roi de l’univers est une fête qui célèbre la VIE ! La vie présente, et la vie éternelle. Avant d’être une question de jugement ou de rétribution, c’est une question d’abondance de vie, de puissance de vitalité dans nos existences. Pour le dire autrement, le problème n’est pas de creuser un puits pour trouver l’eau vive, mais de détruire les barrages qu’on se fabrique tout seul, pour libérer les fleuves de grâces que Dieu répand !

En cette fête du Christ Roi, il est important de remettre Jésus au centre pour qu’il vienne régner dans tout notre être. Et pour ça, on n’a pas des milliers de solutions. Il nous faut aviver l’espérance, don fragile de Dieu. Parce que sans elle, notre foi est morte et notre charité inexistante. Et puis on a aussi le levier du désir. C’est une manière d’espérer intensément ce qu’on trouve bon. Et parmi les désirs les plus nobles qu’on puisse travailler, il y a celui qui est notre bien le plus précieux : la vie éternelle…

Amen !