12ème dimanche du temps ordinaire année A 2023

Chers frères et sœurs,

Savez-vous que ce dimanche, les planètes s’alignent entre les lectures qu’on vient d’entendre et l’éphéméride ?

Ce qui lie les textes aujourd’hui, c’est, grosso-modo, la persévérance dans la foi. Seulement, si la foi est un don de Dieu, est-ce qu’on peut avoir une influence dessus ? En même temps, on voit bien qu’au sein d’une même fratrie, ayant reçu la même éducation, il y a de grandes disparités entre ceux qui deviennent grenouilles de bénitier et ceux qui rejettent en bloc toute notion de foi catholique… Ce qui rejoint la grande question de St Prosper d’Aquitaine, notre 2ème planète qui s’aligne. C’est un théologien éminent du V°S fêté le 25 juin. Durant sa vie, il a beaucoup travaillé l’articulation entre la grâce de Dieu et le libre-arbitre. Selon lui, dans le courant de St Augustin, la grâce de Dieu, agit avant et pendant les efforts humains. Elle permet alors une réponse positive de l’homme et une coopération avec cette même grâce. Donc, pour résumer tout ça, la foi a besoin d’une impulsion divine, et d’un effort de l’homme pour se déployer et rester vivante. Pour être plus précis, je vous propose d’approfondir les 3 types d’actions qui influent sur la foi.

  • L’action individuelle

C’est ce que j’expliquais dimanche dernier : Dieu veut une relation personnelle avec chacun ! C’est une question de choix dans son cœur. Il nous a donné un libre-arbitre. Le but est de l’exercer en conscience pour choisir le bien. De ce fait, on devient juste. Sauf que dans la vie, on sait bien qu’être vrai, être juste, ça peut coûter très cher, au prix de la santé, de la réputation, de la division familiale, etc.

Face à ces épreuves, on peut être tenté de mettre un voile sur son honnêteté, sur sa foi, et faire un mauvais choix. C’est là qu’on commence à perdre la foi. Et c’est là aussi que le prophète Jérémie, dans la 1ère lecture, valorise la confiance en Dieu pour s’en sortir : « Mais le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. » Autrement dit, la prière du juste est entendue. Dans l’adversité, même dans le moment le plus compliqué où on peut se sentir très seul, le choix de la fidélité à Dieu est toujours le bon choix.

  • L’action collective

Autant l’action individuelle est déterminante pour grandir dans la foi, autant, on peut aussi compter sur la force du collectif. C’est ce qui nous distingue des anges. Eux, ils ont eu à faire un choix instantané et très individuel au début de la création. Alors que nous, on fait des choix toute notre vie ; et qu’ils soient bons ou mauvais, ils ont des conséquences pour toute l’humanité. C’est le petit enseignement de St Paul dans la 2ème lecture. « Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. »

Et il poursuit en disant que si on a une solidarité dans le péché, combien plus cette solidarité est importante dans la grâce ! La foi a donc besoin de gratuité. Quand on passe du temps à prier, quand on reçoit un sacrement, quand on vit la charité, etc. c’est bénéfique pour tout le monde ! D’où l’intérêt aussi de baptiser les petits enfants. Ils n’ont pas la capacité de choisir, mais on s’appuie sur la foi des parents pour transmettre la grâce de Dieu, pour leur faire le cadeau de la foi.

  • L’action de Dieu

On peut aussi l’appeler la grâce. Dans la théologie de St Prosper, c’est Dieu qui a l’initiative de donner sa grâce en premier, et de soutenir notre effort ensuite. Lors du baptême, entre autres, Dieu donne sa grâce à travers 3 vertus qu’on appelle « théologales », parce que données par lui : la foi, l’espérance et la charité. La foi est un don généreux de Dieu, elle est de son initiative. Et ce que nous dit Jésus dans l’Évangile, c’est d’avoir foi en lui. On n’a rien à craindre parce que le Seigneur sera toujours à nos côtés selon sa promesse. Par contre, ce sur quoi il nous faut être le plus vigilant, c’est l’âme : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » L’âme, c’est ce principe de vie en nous qui permet de recevoir et de travailler les vertus, qui permet d’accueillir la grâce de Dieu.

Conclusion

Si on nous parle aujourd’hui de la foi et de la manière de persévérer dans la croissance spirituelle, c’est que la semaine dernière Jésus commençait à envoyer ses disciples en mission. Le fait de parler de sa foi, ou bien juste d’être cohérent avec ce en quoi on croit, c’est un combat. On peut avoir envie de baisser les bras, de moins se fatiguer, on peut se poser mille questions sur ce à quoi ça sert… Alors, on a ces textes qui nous sont donnés comme un petit réconfort dans notre long pèlerinage de la foi.

L’Église, à travers les Écritures, nous rappelle qu’on est sur une ligne de crète. D’un côté, le volontarisme exacerbé a engendré une hérésie qu’on appelle le pélagianisme : on se fait son propre Salut à la force des bras ; et de l’autre, on a une autre hérésie qui promeut la prédestination : la grâce de Dieu est donnée ou pas, et la partie est jouée avant même d’avoir commencé.

La foi catholique, c’est de croire que Dieu est généreux, et qu’il donne sa Grâce en abondance. Il trouve un moyen pour la donner à chacun, dans des conditions qui nous sont parfois bien mystérieuses. Il est tellement bon qu’il nous a donné les moyens d’y répondre, entre autres par le libre-arbitre et la conscience. Et comme si ça ne suffisait pas, il donne encore sa grâce pour soutenir notre effort quand on s’approche de lui.

L’invitation qu’on peut entendre ce dimanche et cette semaine, pourrait être de chercher un domaine concret dans lequel on aurait besoin d’accueillir un peu plus la grâce de Dieu…

Amen.