Pentecôte année C 2022

Chers frères et sœurs,

Avez-vous déjà entendu parler de saint Séraphim de Sarov ? Un saint russe exceptionnel… Il était habité du Saint-Esprit en permanence, manifestant la présence lumineuse et chaleureuse de Dieu, à tel point qu’il faisait fondre la neige autour de lui en hiver. Ça laisse rêveur ! Tout comme les langues de feu qui s’allument au-dessus de chaque disciple au Cénacle, le don des langages qu’ils ont juste après, et tant d’autres effets palpables jusque dans les communautés charismatiques aujourd’hui… Alors, pourquoi ça n’arrive qu’aux autres ? Sont-ils meilleurs, plus pieux, plus fervents, plus autre chose ?

En fait, je crois que ce n’est pas la bonne question à se poser. On ne demande pas le S-E pour voir des signes. Ce n’est pas un magicien qui fait ses tours à la demande. S’il produit des phénomènes extraordinaires, c’est qu’il a ses raisons. L’unique but à rechercher, pour nous, c’est d’être familier du SE, de sa présence. Rien d’autre. Tout le reste est donné par surcroît. Et si on est assez familier du SE, ses actions extraordinaires ne doivent même pas nous surprendre ! En ce jour où on le met un peu plus à l’honneur, j’aimerais vous partager 3 grâces extraordinaires qu’offre l’ES d’une manière tout à fait simple et ordinaire.

  • Il offre l’expérience de Dieu

Quelque part, on peut dire que l’ES est la prolongation de la présence de Dieu au milieu de nous. « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » Quand les Apôtres le reçoivent, ils comprennent avec le cœur l’enseignement de Jésus. Ils font cette expérience de la présence de Jésus d’une manière très intense et différente.

Pour nous, l’ES rend vivante la Parole de Dieu, la liturgie, etc. Pourquoi est-ce qu’on peut avoir une expérience spirituelle très forte à travers la lecture ou l’écoute de tel ou tel verset, alors que les autres autour ne sont pas plus émoustillés que ça ? Tout simplement parce que l’Esprit Saint est présent et vient habiter le cœur de la personne qui fréquente la Parole de Dieu, qui vit une liturgie, qui prie, etc. C’est directement l’expérience d’un cœur-à-cœur avec Dieu.

  • Il donne le langage

 « Nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. » Il se trouve que l’Esprit-Saint a donné cette grâce particulière aux disciples de parler les langues et dialectes qu’ils ne parlaient pas à l’origine. Un autre grand saint qui avait ce charisme était JP II. On dit que quand il allait dans un pays pour une rencontre, dans l’avion, il lisait une vie de saint en langue locale, et à l’arrivée il était capable de mener une conversation normalement.

Au-delà de ce charisme très particulier, on peut dire que l’ES donne la capacité de se faire comprendre. Pour la petite anecdote, aux JMJ de Madrid, on nous avait envoyé évangéliser un soir dans les rues, 2 par 2. Il se trouve que je ne parlais pas espagnol et que je le comprenais très mal. Et mon binôme n’était pas beaucoup mieux. Malgré tout, je garde le souvenir de très beaux échanges avec les personnes à qui on a parlé de l’amour de Dieu dans un langage très aléatoire. Et ça marche même au quotidien dans des situations toutes simples. Quand on sent qu’un échange va être un peu tendu et qu’on n’a pas vraiment les mots pour discuter, l’ES aide à faire passer le message au-delà de la parole souvent maladroite…

  • Il éduque à la liberté véritable

L’ES rend libre. La liberté, on peut l’entendre de beaucoup de manières, et à notre époque c’est plus vu comme la possibilité de faire ce qu’on veut, quand on veut, où on veut. Mais la liberté qui fait grandir, qui nous permet d’être profondément heureux, c’est plutôt l’esprit de service. C’est tout à fait l’Évangile du fils prodigue : le fils ainé qui travaille chez le père est heureux, il a tout ce qu’il lui faut, il vit pleinement sa condition de fils ; alors que le cadet, en pensant acquérir la liberté à l’extérieur, s’aliène petit à petit et devient dépendant de ses pulsions et de l’argent.

L’ES fait passer d’esclave à Fils de Dieu. Il fait de nous des fils. « C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Et comme enfants de Dieu, on est héritiers. C’est quand-même merveilleux de se dire que l’héritage de Dieu, c’est la vie éternelle ! L’ES permet de goûter le Royaume de Dieu à chaque fois qu’on l’invoque. La liberté véritable, c’est de réaliser ce pour quoi on est fait : la vie éternelle, le Royaume de Dieu. Et la bonne nouvelle, c’est que ça a déjà commencé !

Conclusion

Ne cherchons pas ce qui est extraordinaire dans la foi : les langues de feu, la chaleur qui descend physiquement dans le cœur, le parler en langues, les paillettes qui descendent du ciel, etc. Quand bien même on verrait ces signes, on aurait du mal à y croire et on pourrait s’épuiser à chercher des explications rationnelles. Mais la foi, ce n’est pas purement rationnel. La foi c’est une relation, elle demande donc de s’investir tout entier dans la relation à Dieu. Ce qui ne veut pas dire non plus de ne pas se servir de sa raison.

Dans la foi, tout en ne s’attendant pas à grand-chose, il faut simplement croire que Dieu est capable de tout. L’ES développe sa puissance dans une vie familière avec Dieu. C’est dans la simplicité d’une vie ordinaire, imprégnée de Dieu, qu’il déploie tout son potentiel. En ce jour de Pentecôte, ouvrons-lui un peu plus la porte pour qu’il répande abondamment sa Grâce.

Amen.