13ème dimanche du temps ordinaire année B 2024

Chers frères et sœurs,

Dimanche dernier, en parlant du combat spirituel, j’évoquais le fait de descendre au plus profond de soi-même pour y trouver le Seigneur déjà présent, comme Jésus présent dans la barque au milieu des flots impétueux. À travers les enseignements bibliques et le témoignage des grands maîtres spirituels, on peut constater qu’en effet, Dieu nous a pourvu de trésors inestimables qu’il nous faut apprendre à exploiter… à commencer par la foi ! Elle est à l’origine d’une puissance de vie qui ne demande qu’à s’épanouir. C’est dans cette force vitale qu’on peut trouver les ressources nécessaires pour traverser les épreuves et le combat spirituel. Avec les textes de ce dimanche, j’aimerais donc donner quelques moyens pour déployer son potentiel spirituel afin d’y puiser comme dans une source de vie.

  • Comprendre notre origine

Dès les origines, Dieu veut que la vie jaillisse de sa création. Tout ce qui existe doit être animé par cette puissance invisible, ce souffle de Dieu : « ce qui naît dans ce monde est porteur de vie. » Jusqu’à la personne humaine, sommet de cette création, œuvre qui a gracieusement son image et sa ressemblance : « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » Et ce n’est pas très difficile à comprendre, parce que c’est le livre de la Sagesse qui l’explique. C’est un recueil de sagesses très anciennes issues de Mésopotamie et d’Égypte, remis au goût du jour sous un angle hébreu. Ça veut dire qu’au-delà de toute sensibilité religieuse, il y a en l’homme l’intime conviction d’être habité par la divinité des origines.

Si notre origine préexiste à tout ce qu’on peut expérimenter sur terre, c’est bien qu’elle est immortelle. Nous avons donc une part immortelle en nous, quoi qu’il arrive. Ça rend d’autant plus vrai et crédible l’argument de Sg : « la puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. » La mort n’est qu’une soumission temporelle que le Christ a vaincue.

  • Développer la générosité

St Paul, 2ème lecture : « Qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! » Et ça n’est possible qu’en étant inspiré par le modèle suprême : « Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus-Christ. » L’apogée de la générosité, c’est bien entendu Jésus sur la croix. Mais il pointe aussi des exemples accessibles et très parlants, comme la veuve qui prend sur son indigence pour mettre sa piécette dans le tronc du Temple. Donner de son superflu, c’est efficace et même parfois valorisant. Par contre, ce n’est pas forcément de la générosité, de la largesse. C’est la petite parabole de Jésus qui dit de faire 2000 pas si quelqu’un demande d’en faire 1000 avec lui ; de lui donner le manteau s’il demande une veste…

Ça me fait aussi penser à un professeur que j’ai eu. Il nous racontait que lorsqu’il a été nommé à la direction de sa spécialité dans sa faculté, il avait peur de ne plus avoir le temps de vivre. Et malgré tout, il n’a jamais été aussi productif que ces 3 ans… Il a écrit et édité 2 bouquins dans ce temps-là ! La générosité appelle la générosité. Si on est capable de donner, c’est qu’on peut donner plus encore. Et ce qui tombe bien, c’est que la générosité est dans l’ADN chrétien. Un petit dicton sportif dit que le chemin le plus court est le moins long. Quand on est tenté de raccourcir l’épreuve, l’idée est de rallonger pour déployer vraiment ses capacités et casser la barrière du « c’est impossible ». Dans la vie spirituelle c’est pareil. Quand on est au pied du mur, en fait, on n’y est pas encore.

  • Fuir la mort

Dans l’Évangile, en le lisant une 1ère fois, on est vite dans le pathos défaitiste avec les réactions de la foule : « à quoi bon déranger encore le Maître ? » ou encore en parlant de Jésus : « on se moquait de lui. » Ce bruit décourageant de la foule, on y est tous plus ou moins sensible. Mais même en arrière-fond, il tape sur le système et nous influence. C’est le rôle des discussions faciles, des médias, de l’ère du temps, … On l’entend dès tout petit cette ritournelle « t’es nul, tu ne vas pas y arriver ! » c’est la voix de la mort. L’opinion démissionnaire de l’échec.

Solution radicale de Jésus lui-même : « Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui. » Objectif : écarter les voix de la mort pour ne conserver que ceux qui ont la foi. C’est un retour à l’essentiel, un retour à ce qui porte la vie. Parce que la foi est une force vitale inimaginable ; la foi en soi, la foi en l’autre, la foi en Dieu et en son projet bienveillant pour l’humanité et chacun de nous. Discuter avec la mort, c’est déjà lui ouvrir la porte. La fuir, c’est mettre le focal sur la vie. Il n’y a qu’une chose qui permet d’avancer depuis tous temps : la vie.

Conclusion

Cette source au fond de nous, tout au fond, c’est l’essence de notre âme : l’immortalité, c’est la signature de Dieu en nous. C’est son Esprit Saint qui souffle puissamment un instinct de vie, au-delà de l’instinct de survie que nous dicte le cerveau reptilien. Nous sommes des êtres corporels, comme tout ce qu’on voit dans la création ; et des êtres spirituels comme la communion qu’on trouve dans le monde invisible qui nous entoure. Et si la création est vouée à corruption, notre âme est vouée à la vie éternelle. C’est dans cette enclave paisible qu’on peut trouver une force et une énergie qu’on ne soupçonne même pas !

St Paul dit que la foi, l’espérance et la charité sont des vertus données par Dieu. Mais il dit aussi que la foi et l’espérance disparaîtront dans la vie éternelle, parce que nous verrons Dieu face-à-face, tel qu’il est. Mais en attendant, elles sont là comme un carburant pour apprivoiser ce monde spirituel qui nous entoure et qui nous habite. Et la meilleure manière de les apprivoiser, c’est de prendre l’habitude de prier.

Amen.

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