7ème dimanche du temps pascal année B 2024

Chers frères et sœurs,

Dans une semaine, c’est Pentecôte, la naissance officielle de l’Église. Dans un passage de l’Évangile, Jésus dit que pour bâtir une tour, il est nécessaire de s’asseoir et de poser les fondations. Et ce dimanche, il établit justement les fondations avant de fonder son Église. Jésus s’y prend de la même manière qu’au début de l’Évangile quand il choisit ses Apôtres : il part à l’écart pour prier, et après il les appelle personnellement. Ici, avant de fonder l’Église, son épouse, Jésus prie pour elle, et il lui promet son Esprit-Saint pour la guider personnellement.

Dans ces trois points, j’aimerais revenir sur des fondamentaux qui paraissent peut-être évidents, mais qui peuvent nous redonner un peu de fraîcheur dans notre rapport à l’Église. Dans une discussion rapportée par un de ses proches, Napoléon aurait dit à un cardinal : « Je vais détruire l’Église catholique ! » et le cardinal de lui répondre « on a essayé, mais on n’y est jamais arrivé… » Alors qu’est-ce qui fait que l’Église tient depuis si longtemps malgré toutes ses faiblesses, à commencer par ceux qui la composent ?

  • Jésus aime et désire l’Église

C’est une évidence ! Dans l’Évangile, Jésus prie de tout son cœur pour ses disciples et pour leur unité : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » C’est déjà une prière pour l’Église qui n’est pas encore vraiment née, mais qui est en gestation dans le cœur de Jésus, et dans le concret avec le groupe des Douze et des disciples.

On peut aussi ajouter que dès cette prière, l’Église peut être définie comme le prolongement de la présence de Jésus au milieu de nous : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. » La continuité de la présence de Jésus s’opère de bien des manières, et au plus haut point dans l’Eucharistie ; mais on peut dire que l’Église est en elle-même la prolongation de la présence de Jésus à notre portée.

  • L’Esprit Saint guide l’Église

C’est peut-être ce qu’il y a de plus incroyable et de plus concret à la fois… Dans les Actes des Apôtres, pour remplacer Judas qui s’est suicidé, on choisit des candidats, on prie, et on tire au sort. C’est une technique très ancienne pour faire un pré-choix et laisser le dernier mot au hasard… ou à la Providence. Un ancien professeur me disait que dans toute institution humaine, la manière naturelle de renouveler les chefs est assez simple : celui qui est à la tête choisit des subordonnés moins bons pour ne pas paraître trop stupide. Et ce sont ces gens qui lui succèdent. Donc au bout d’un moment, on perd en qualité. Et il me disait que dans l’Église, ça fonctionne à peu près de la même manière, mais avec un système de cooptation tout à fait singulier, ce qui fait qu’on a régulièrement des bonnes surprises…

Pour prendre un autre exemple plus léger, quand j’étais étudiant, on cherchait un saint patron pour une fraternité. Chacun a écrit le nom d’un saint sur un papier, on a prié, et on les a lancés avec une pelle. Celui qui est arrivé le plus loin était le gagnant ! Bien que l’Église soit conduite par des bras et des volontés humaines, elle est fondamentalement guidée par le Saint-Esprit à qui on réserve toujours une place pour donner le dernier mot.

  • L’Église est faite pour témoigner

Dans l’épître, St Jean écrit sur l’amour de Dieu. Et selon lui, la preuve de l’amour infini de Dieu, c’est qu’il nous donne part à son Esprit qui nous rend capable de proclamer que Jésus est le Seigneur. Donc si on est vraiment brûlé de l’amour de Dieu, ça doit vivement nous remuer les tripes pour en parler. C’est l’unique raison d’être de l’Église : témoigner, annoncer la foi. Après, au fil des siècles, elle fait d’autres choses, c’est un peu du SAV de l’annonce de l’Évangile. Mais la 1ère raison de son existence, c’est vraiment de témoigner.

Si on devient un club privé de gens qui pensent pareil ou une ONG de plus qui œuvre pour une noble cause, on a perdu notre âme ! Le plus grand trésor qu’on a et qui grandit à mesure qu’on le partage, c’est d’annoncer le Ciel, la vie éternelle, la bonté de Dieu, son projet éternel et bienveillant pour chacun de nous…

Conclusion

En France, depuis quelques années, on n’a pas une belle image de l’Église. C’est peut-être parce qu’on ne la regarde pas sous le bon angle. C’est peut-être parce qu’on n’en perçoit pas l’essentiel. Toutes les nouvelles personnes qui frappent à la porte de nos paroisses pour demander les sacrements ont bien compris la valeur du trésor qu’on porte dans des vases d’argile et qu’on a du mal à partager ! Ils viennent nous stimuler pour qu’on revienne à l’essentiel. L’Église, c’est la présence de Jésus-Christ dans le monde ! Et l’Église, c’est chaque chrétien en communion avec tous les baptisés.

Cette semaine, on a une mission cruciale : se préparer à la Pentecôte ! Il faut qu’on retrouve le sens profond de notre baptême pour comprendre qu’on est une Église ensemble. Il faut qu’on implore le Saint-Esprit de venir nous visiter pour nous garder unis, et nous donner le courage de témoigner autour de nous. Je vous propose donc une petite action concrète et communautaire cette semaine : prier chaque soir le Saint-Esprit pour demander une nouvelle Pentecôte sur tous les baptisés de notre paroisse.

Amen !