7ème dimanche du temps pascal année A 2023

Chers frères et sœurs,

Imaginez que vous soyez dans un aéroport, en transit, et que le 2ème avion est reporté d’une semaine et demi… Situation un peu délicate, non ? On pourrait prendre le même exemple avec le train, avec un colis essentiel qui n’arrive pas, et avec mille autres cas concrets… D’ailleurs, ça peut aussi s’apparenter à ce qu’on a vécu pendant les confinements. On reste chez soi sans trop en savoir plus sur l’échéance à venir, et sur ce que sera le monde demain.

C’est l’expérience tout à fait intéressante de l’entre-deux-eaux. C’est le vécu des disciples entre l’Ascension et la Pentecôte. Après avoir passé quelques jours/semaines avec eux, Jésus les abandonne sans rien laisser de bien concret si ce n’est une promesse de Saint-Esprit. Les disciples sont seuls au monde, ils restent trouillards en priant tous les jours au Cénacle, et rien ne se passe… C’est en fin de compte une expérience de persévérance, de retour aux fondements de la foi. Quitte à être dans un moment de flottement imprévu, où on n’a rien à faire, autant user de son temps à bon escient ! Alors, pour appréhender chrétiennement ces périodes particulières qui nous arrivent forcément un jour, j’ai relevé 3 techniques du NT.

  • Persévérer

« Ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement […]. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière… » ça tombe sous le sens, si on veut obtenir quelque chose, il faut remonter les manches et persévérer. Un dicton marin qu’on emploie souvent dans la vie spirituelle dit que « ce n’est pas dans la tempête qu’on change de cap. » Lors d’une période d’entre-deux, la tentation est forte de partir dans tous les sens, d’errer, de changer d’opinion… La meilleure chose à faire est donc de rester fidèle à ses engagements premiers. C’est ce que les disciples nous apprennent en continuant à prier ensemble comme ils le faisaient auparavant. C’est dans la fidélité que Dieu va les visiter pour leur donner le Saint-Esprit.

Le deuxième petit enseignement qu’on peut tirer de cette première lecture, c’est qu’il faut insister tant qu’on n’a pas reçu la grâce de Dieu. Si Dieu se lasse de nous écouter, ce qui est probablement faux, ça le regarde ! Nous, on a raison de réclamer. Même Jésus nous dit de le faire à plusieurs reprises dans les Évangiles.

  • Se laisser porter

On pourrait aussi dire « avoir confiance ». C’est la conséquence attendue de la persévérance. On peut l’entendre dans la petite phrase scandaleuse de St Pierre dans la 2ème lecture : « Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. »

Comment peut-on se réjouir dans la souffrance !? Il n’y a rien de la volonté divine quand on est accablé de malheurs, quand on souffre… Alors, ce que veut probablement dire St Pierre, c’est que ces zones de turbulences qu’on peut traverser sont sources d’angoisses et de souffrances ; mais qu’en restant fidèles au Seigneur, on préservera son potentiel de sortie de crise, et qu’on trouvera assurément une résolution fructueuse. Dans l’épreuve, il y a une part sur laquelle on peut agir, et une part qu’on doit pouvoir abandonner au Seigneur pour qu’il puisse la transcender. D’ailleurs, on est la préoccupation permanente de Dieu puisque Jésus lui-même prie pour nous dans l’Évangile : « Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. » Donc pourquoi s’inquiéter ? Le berger veille sur ses brebis.

  • Donner du sens à sa destinée

Persévérer dans quelques bons mécanismes et s’abandonner au Seigneur ne suffit pas. On en a vu beaucoup se perdre. Ce serait comme faire du stop sans se programmer une destination et monter dans les premières voitures qui s’arrêtent. On peut effectivement avancer et avoir confiance dans la bonne âme qui nous véhicule, mais on peut se retrouver n’importe où ! C’est d’ailleurs ce que nous apprend St Ignace dans le récit de sa vie. On a besoin d’avoir un objectif spirituel, on a besoin de donner du sens à sa destinée.

Dans l’Évangile, on a entendu la grande prière de communion entre Jésus et son Père, celle qu’on appelle la « prière sacerdotale » C’est une magnifique prière d’intercession dans laquelle Jésus donne ce fameux but qu’un chrétien peut rechercher : « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » Connaître Dieu, communier à la divinité, c’est la vocation originelle de l’homme comme on va aussi l’entendre dans la préface : « Car il s’est manifesté après sa résurrection, en apparaissant à tous ses disciples, et, devant leurs yeux, il s’éleva au ciel pour nous rendre participants de sa divinité. » C’est le sens de toute notre vie : connaître Dieu de plus en plus et avoir part à sa divinité… Avec ça en tête, on peut traverser toutes les eaux agitées.

Conclusion

Derrière l’austérité de ce message qui nous est donné dans les Écritures, on a de quoi préparer l’après temps pascal, on a de quoi construire une vie spirituelle solide. La persévérance dans les décisions, l’abandon dans le Seigneur et le sens qu’on donne à sa croissance spirituelle, sont les fondements d’une vie vertueuse. Et la vie vertueuse est un terreau de premier choix pour accueillir la grâce de Dieu.

Les petites choses auxquelles on s’astreint pour faire grandir la foi, l’espérance, et la charité, sont au bout du compte une libération. Parce que se libérer des soucis présents permet de s’attacher plus à Dieu, et d’accomplir sa vocation chrétienne à la sainteté. Cette semaine, avant de recevoir le Saint Esprit et de clore le temps pascal, on peut se donner un petit objectif : refaire le point avec le Seigneur sur les moyens concrets qu’on met en œuvre pour nourrir sa vie spirituelle.

Amen.

Publicité