En échangeant sur nos manières de faire, avec un confrère, il me raconte que des parents sont venus le voir pour protester. Leur enfant, au catéchisme, avait reçu une moins bonne note que son copain, alors qu’il avait donné les mêmes réponses. Il n’avait eu que 48/10 alors que l’autre avait eu 75/10. Injustice flagrante ! Et pourtant, pas tant que ça. Les deux enfants ont déjà eu le maximum, ils ont eu tout bon, ils sont arrivés à la perfection : 10/10. Du coup, dans la plénitude, ils n’ont pas la même note. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont meilleur ou moins bon l’un que l’autre puisqu’ils sont parfaits. La note différente montre simplement qu’ils sont différents.
Si je vous parle de cette petite expérience, c’est qu’aujourd’hui, les lectures nous racontent l’organisation de l’Église. C’est le dimanche des ministères. On a un rappel sur les devoirs du chrétien, et on nous montre la gestion de l’Église naissante par les épiscopes (les Apôtres), les presbytres (les prêtres), et une nouvelle catégorie de service : les diacres. Selon l’attitude avec laquelle on aborde ces textes, on peut se faire du mal… C’est le cas de notre Église occidentale qui souffre de jalousies et de divisions, parce qu’on a la même manière que les parents qui sont venus râler pour leur enfant au caté. On a probablement un regard trop mondain et compétitif sur ce qu’on est au sein de l’Église. Le concile Vatican II a souhaité déplacer la perspective en repartant de la dignité du baptême. C’est-à-dire qu’en étant baptisé, on reçoit la plénitude de la vie divine et de la dignité de Fils ou Fille de Dieu. Le reste, c’est une question de service pour l’annonce de la foi.
Pour bien comprendre notre place au sein de l’Église, il faut qu’on reparte de ce qu’on reçoit au baptême. Je vous propose de reprendre quelques notions fondamentales.
- Le baptême
Petite présentation en partant de ce que dit St Pierre dans la 2ème lecture : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels… » « Vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut… »
Si vous avez remarqué, à chaque baptême, on insiste sur le fait de devenir prêtre, prophète et roi. Ce sont les 3 fonctions : sacerdotale, prophétique et royale. L’Église le répète autant dans la liturgie que dans le CEC… C’est très important à comprendre, parce qu’on parle trop souvent de la manière dont on vit : pratiquant ou pas pratiquant, croyant pour certaines choses, mais pas pour d’autres, etc. La question n’est pas dans tant dans ce qu’on fait que dans ce qu’on est. Je vous livre donc une petite réflexion sur ces trois fonctions du baptême.
Le sacerdoce. On peut distinguer le sacerdoce commun du sacerdoce ministériel. Le sacerdoce commun, c’est ce qu’on partage tous ici, et le sacerdoce ministériel, je vais l’expliquer après, il vient du sacrement de l’Ordre. Donc notre sacerdoce commun, il consiste à être un intermédiaire pour s’adresser à Dieu. On est des vecteurs de la grâce de Dieu, et de la supplication du monde qu’on fait monter vers lui. Le fait de prier, c’est accomplir son devoir sacerdotal, tout comme participer aux sacrements, offrir ses souffrances et ses contrariétés pour quelqu’un, etc.
La fonction prophétique. Avant de partager des songes et d’avoir ce côté mystérieux de celui qui arrive à prédire l’avenir, le prophète est surtout celui qui prévient. C’est un peu comme dire à un enfant « attention, à jouer avec la porte, tu peux te faire mal. Si tu continues, elle va claquer sur tes doigts… » Le prophétisme, on l’accomplit quand on dénonce le péché, le mal, mais aussi par l’annonce du Royaume. Ça passe aussi par notre manière de vivre. Le fait d’être cohérent dans sa vie et dans sa foi, c’est souvent aller à contre-sens de l’esprit du monde. C’est déjà une annonce prophétique que la vie avec Dieu ça rend heureux, et qu’on est appelé à vivre ce bonheur éternellement.
La royauté. Plus subtile, elle est une manière d’être au service des autres. C’est ce que nous enseigne Jésus au lavement des pieds. Plus on est au service, plus on édifie le monde, et plus on apporte l’harmonie. La royauté n’est pas à comprendre comme une question de pouvoir et d’emprise ; mais plutôt comme une question de fraternité et de service. Elle permet aussi de sentir que Dieu voit chacun comme une personne unique et irremplaçable, comme un cadeau inestimable.
Être baptisé, c’est devenir prêtre, prophète et roi, rien de moins que ça !!
- Le sacrement de l’ordre
Il permet de solliciter et d’organiser les charismes de chacun, « de telle sorte à ce que tout le monde, à sa façon et dans l’unité apporte son concours à l’œuvre commune. » LG30 C’est une belle expression du concile Vatican II pour bien comprendre que le ministère sacerdotal est là pour une question de communion, et d’organisation des charismes de chacun. Et pour affiner les manières d’exercer le sacerdoce ministériel, dans la 1ère lecture, les Apôtres se posent des questions concrètes : « Il n’est pas bon que nous délaissions la Parole de Dieu pour servir aux tables. » Là où le ministère presbytéral est plus proche de l’enseignement, le ministère diaconal tient plus de la charité et de l’accueil. Ils sont regroupés dans l’épiscopat.
Conclusion
Si je goûte un vin avec mon ami œnologue, on va tous les deux passer un bon moment, avoir part au même vin, et y trouver du plaisir. C’est le 10/10. Et pourtant, dans cette expérience commune, il y a quelque chose d’inégal : la saveur et l’émotion que ça procurera. C’est le chiffre différent dans la note, c’est l’au-delà de la plénitude. Il nous faut être capable de comprendre qu’on a tous part au même baptême, mais qu’il requiert et développe des charismes et des saveurs différents en fonction de chacun. C’est nécessaire de le comprendre pour entrer dans le thème de l’expansion missionnaire de dimanche prochain. Amen.