Vigile pascale 2023

Mais qui sont les inconscients qui ont choisi de développer la liturgie en prenant 8 lectures alors qu’on pouvait en faire moins ? Samedi, fin de semaine, heure tardive, période intense… Comment peut-on nous infliger ça ? En plus on se prend une homélie qui va bien nous mettre 10 min dans la vue !

Et si cette option de déploiement maximal des possibilités dans cette vigile était une opportunité ? Un petit dicton dit que ce qui nous rend malheureux, c’est le regard qu’on porte sur les choses, et non pas les choses en elles-mêmes… Alors, laissez-moi vous communiquer mon enthousiasme de cette soirée interminable qui nous réunit ici.

D’abord, cette vigile a 4 grandes parties : la liturgie de la lumière, la liturgie de la Parole, la liturgie baptismale, et la liturgie eucharistique.

La liturgie de la lumière nous replonge dans le récit de la Création qu’on vient d’entendre au tout début. La 1ère chose que Dieu créé, c’est la lumière qui perce les ténèbres. C’est pareil dans notre vie qui commence avec la lumière après avoir passé 9 mois dans l’obscurité. C’est pareil dans notre foi. Quand on fait l’expérience de Jésus dans sa vie, c’est lumineux, et ça donne du sens à toute notre existence… ! Avez-vous déjà fait cette expérience ? C’est le moment de la demander au Seigneur…

Ensuite, après avoir ouvert nos yeux, on peut ouvrir nos oreilles, c’est la liturgie de la Parole. On a 7 lectures de l’AT. Sept, c’est le chiffre de la plénitude et de l’accomplissement, en référence à la création en 7 jours. Dans la 1ère Alliance, Dieu donne la plénitude de son amour. C’est le sens de la ménora, le chandelier à 7 lumières que les juifs allument au Shabbat pour célébrer la Création de Dieu et le repos qu’il a pris le 7ème jour. Puis vient l’Épître, 8ème lecture. Huit, c’est le chiffre de la perfection et de la vie éternelle. Ce sont les 7 jours de la semaine qui sont dépassés pour entrer dans le 8ème, celui de l’éternité, où le temps ne connaît plus la mort ni la finitude. C’est le 8ème jour, le dimanche, que le Christ est ressuscité et qu’il accomplit parfaitement l’œuvre de Dieu ; c’est l’arrivée du NT dans la Révélation, c’est le début d’une nouvelle Alliance. 8ème jour qui arrive dans quelques heures. On est à 2 pas de l’éternité !! Alors, c’est pas une bonne nouvelle ça ?

Bon, et pour les lectures en elles-mêmes, je vous propose un rapide résumé pour comprendre le choix et l’ordre dans lequel elles nous sont données. Parce que mine de rien, il y a une intelligence derrière… Ce sont des balises de l’histoire du Salut dans lesquelles Dieu se cache pour déjà annoncer la 2nde Alliance qu’on célèbre ce soir. Vous allez comprendre.

1. On a d’abord le récit de la 1ère Création dans le dessein bienveillant de Dieu. Ça nous montre à quel point notre monde est beau, bon, et vrai dans les origines. En même temps, ça nous montre ce que va nous apporter la recréation par la Résurrection du Christ.

2. C’est le sacrifice d’Isaac, qui nous préfigure déjà le sacrifice du Christ. Par amour pour nous, Dieu renonce à sacrifier un seul d’entre nous, et préfère un sacrifice innocent : un bouc ici, et plus tard, lui-même, par Jésus, sur la croix.

3. La traversée de la mer rouge. C’est le début d’une nouvelle preuve d’amour dans laquelle Dieu libère son peuple de l’esclavage et le conduit vers la Terre Promise. C’est une préfiguration de la mort au péché et de la Résurrection pour la vie éternelle. C’est tout simplement un symbole du baptême.

4. Isaïe raconte l’amour de Dieu pour Jérusalem, son épouse. On progresse dans les annonces de Dieu. Ici, il préfigure l’amour de Dieu pour son Église. Église qui sera son nouvel instrument de Salut, qui sera non plus un peuple choisi par le sang, mais un peuple d’adoption, uni par les sacrements.

5. Encore Isaïe qui nous développe le Mystère de l’Eau et de la Parole. On peut y voir une préfiguration du don de l’ES à la Pentecôte

6. On change de style, avec Baruc, un sage devant l’Éternel. Dieu offre aux hommes la vraie sagesse. C’est l’illustration du sanctuaire de l’homme, le lieu le plus sacré en lui : sa conscience. Ça nous montre la largesse de Dieu ; parce que même si on ne le connaît pas, on peut le rencontrer tout au fond de soi, dans sa conscience.

7. Dernier prophète de notre parcours, Ézékiel. C’est la fleur de l’intériorisation de la religion juive. Des faits majestueux et brillants, on passe à l’intériorité, au plus profond de soi. C’est le cœur nouveau et l’esprit nouveau. On a ici, au terme de la Première Alliance, la préfiguration de l’eschatologie, de l’entrée dans la vie éternelle ; non seulement partiellement par notre baptême, mais aussi totalement à la fin des temps.

8. On entre dans la plénitude avec St Paul. C’est un résumé de toute cette catéchèse et une invitation à prendre une décision. Nous sommes faits pour la vie et la Résurrection. Cette nouvelle Création est déjà en train de croître en nous depuis le baptême… Vous vous rendez compte ? Serons-nous assez audacieux pour rechoisir ce baptême ? Et vous, chers catéchumènes (Fabrice, Eugénie et Léa), serez-vous assez audacieux pour aller jusqu’au baptême ? Vous savez, cette semaine, j’ai reçu encore 2 demandes de baptême de la part d’adultes… Dieu est à l’œuvre !

Et pour achever ce parcours biblique, on a l’Évangile. En résumé, le message est clair : on ne peut pas se taire ! On ne peut pas se taire ! Le Christ est Ressuscité, on ne peut pas se taire !!!

Mais ce n’est pas tout. Il y a encore la liturgie baptismale qui arrive. Dieu incorpore des petits enfants et des catéchumènes à l’Église de Dieu, à la vie éternelle, c’est magnifique ! Et pour nous qui sommes déjà baptisés, c’est un renouvellement et une stimulation pour notre baptême à chacun. Et puis, on termine par la liturgie eucharistique, parce que dans ce long pèlerinage de la foi, il nous faut bien un remède éternel dans un moyen temporel.

La Vigile pascale, ce n’est rien de moins que tout ça ! On revit la Grâce de la création et de la recréation de Dieu, et on la rend actuelle. C’est pour maintenant ! En sortant de cette église, on aura une saveur particulière dans le cœur, parce qu’on aura goûté à l’ébriété de la vie éternelle quelques instants, ici, tous ensemble. Puisse cette nuit très sainte ne pas être une Pâque de plus au calendrier, mais bien plutôt un nouveau départ, une nouvelle source d’inspiration et d’élévation spirituelle. Je vous souhaite à chacun de goûter la Résurrection du Christ déjà à l’œuvre en chacun.

Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Amen !!

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