3ème dimanche du temps ordinaire année A 2023

Chers frères et sœurs,

Comme vous le savez, cette semaine est dédiée à la prière pour l’unité des chrétiens. C’est une institution très ancienne qui date depuis 1908. On en a fait de la route depuis le temps ! Et puis, le pape François a décidé en 2019, de dédier ce 3ème dimanche du TO à la Parole de Dieu. On comprend assez bien le lien entre les deux évènements, la Bible est en grande partie un sujet d’unité dans la foi chrétienne. Pour autant, quand on parle d’œcuménisme, est-ce juste de penser qu’on puisse aboutir à une religion unique un jour ? Pas sûr… Ce n’est pas vraiment le sens de l’Église d’avoir une manière unique de célébrer le Seigneur. Même si aujourd’hui on a tendance à s’appuyer sur ce qui nous unit et à s’en réjouir, n’oublions pas de regarder aussi ce qui nous est différent, et pourquoi ça l’est. Plus qu’un frein, ces différences peuvent être une richesse mutuelle. C’est aussi l’occasion de s’émerveiller que Dieu soit tellement bon qu’il n’ait pas d’obstacles pour se révéler au plus grand nombre, et avoir une relation personnelle avec chacun.

La semaine de l’unité des chrétiens étant un bon stimulant pour favoriser le dialogue avec les autres religions chrétiennes, elle est aussi l’occasion de faire le point sur l’unité de nos communautés paroissiales. Pour écouter le Seigneur et pour rester unis malgré les différences, je vous propose trois ingrédients que nous livrent les lectures.

  • L’espérance commune

Est-ce que vous imaginez être d’une nation couverte de honte par des comportements iniques des dirigeants et de la classe bourgeoise ; d’une nation semi-esclave d’un envahisseur ; d’un peuple qui marche dans les ténèbres de l’oppression, de l’immoralité et de la corruption… ? C’est ce que décrit Isaïe dans la 1ère lecture. Ce qu’il décrit est sombre, mais accompagné d’une espérance très forte dans le Seigneur. Isaïe annonce qu’on voit déjà sa lumière, il annonce celui qui apporte le réconfort, la réjouissance, l’allégresse, la fin de l’oppression… Depuis cette époque, le Messie est déjà venu, c’est Jésus !

Si on regarde aujourd’hui, depuis le début de l’ère Covid, les problèmes de notre société se sont exacerbés. Et le pire dans tout ça, c’est qu’on a un sentiment de tristesse générale, de désespérance, de lourdeur… Mais où est notre joie ? Il est temps de retrouver nos racines juives, de retrouver cette espérance des nations chez Is ! Le Messie est déjà venu, et on l’attend de nouveau. A-t-on conscience qu’il va revenir ? Est-ce qu’on l’espère vraiment ?

  • La disposition du cœur

« Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. » Jésus commence par appeler des disciples pêcheurs, puis d’autres qui seront de milieux et de compétences différentes. Et ses disciples le suivent non pas pour l’ambiance qui est sympathique, mais plutôt pour la relation qu’ils ont personnellement avec lui. La conséquence de cette unité par Jésus est qu’ils découvrent que la diversité est une richesse. On le voit dans l’Évangile, on le voit chez St Paul, la foi en Jésus-Christ est le socle de l’unité.

Dans nos communautés, quand on sent que les tensions et les discordes surgissent, quand on sent que les relations sont plus rugueuses que d’ordinaire, ne nous laissons pas détourner de Jésus-Christ. Ce qui est véritablement important dans la foi, c’est la disposition de notre cœur à l’appel personnel du Christ. Le remède, c’est de retrouver l’enthousiasme de l’interpellation qu’il nous a faite à chacun, de se remémorer le « viens et suis-moi » qu’on a reçu personnellement.

  • La croix du Christ

Au final, comme le dit St Paul, la croix reste un mystère, et c’est dans ce mystère que nous sommes unis. « Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ. » En d’autres termes, il invite à croire en la Révélation, parce que la raison n’explique pas tout. La croix reste un Mystère qui nous révèle l’amour de Dieu. Et ça, aucune parole raisonnable, aucune sagesse ne peut l’expliquer.

De même, dans le martyr qui est l’acte d’amour le plus manifeste et le plus associé à la croix du Christ, il n’y a plus de différences théologiques, plus de sensibilités différentes… Il n’y a plus que des chrétiens qui payent l’amour de Dieu au prix de leur sang. En février 2015, on se souvient des 21 hommes exécutés par Daech, dans une vidéo de propagande très largement diffusée. Parmi eux, il y avait Mathew Ayairga qui n’était pas chrétien. Mais lorsqu’il a eu le choix d’abjurer en même temps que les autres, il a répondu « Leur Dieu est mon Dieu. » Il a proclamé la foi en Jésus-Christ dans le don de soi jusqu’à la croix, grâce au témoignage des autres coptes en prison.

Conclusion

Ce 3ème dimanche du temps ordinaire est une bénédiction. Toujours à l’école des disciples de Jésus, on nous redonne le cap : focal sur Jésus-Christ. Et dans la foi en Jésus, on peut découvrir que d’autres ont une relation différente avec lui. Le concile Vatican II affirme que l’Église du Christ subsiste dans l’Église catholique (LG8). Pour autant, « on peut retrouver beaucoup d’éléments de sanctification et de vérités hors de sa sphère. » Ça veut donc dire 2 choses importantes. 1 – On ne peut pas dire ce qu’on entend souvent dans l’œcuménisme : qu’on est tous de la même Église ; et plus largement dans le dialogue interreligieux : qu’on a tous le même Dieu. C’est irrespectueux envers ceux qui ne souhaitent pas être assimilés à l’Église, et c’est nier une partie de ce que nous sommes, chacun. 2 – On a besoin d’apprendre à se connaître pour se réjouir de ce qu’on a en commun, et pour s’enrichir aussi de nos différences. Un des grands principes théologiques, porté entre autres par Benoît XVI, est de distinguer pour mieux unir.

Amen.

Passage intégral de la citation :

« Cette Église [L’Église du Christ] comme société constituée et organisée en ce monde, c’est dans l’Église catholique qu’elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l’Église du Christ, portent par eux-mêmes à l’unité catholique. » (LG8)

À retrouver en entier sur le site officiel du Vatican : https://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_const_19641121_lumen-gentium_fr.html

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