Je vous propose ici de découvrir ou de redécouvrir ce sacrement extraordinaire qu’on a trop souvent tendance à négliger, ou à voir d’une manière négative. C’est le truc un peu obscur et mystérieux dont on n’ose pas toujours parler, alors que c’est un cadeau inestimable et que ça rend vraiment heureux !
Au programme : une intro en 2 vidéos, un peu de théologie aux accents académiques pour revisiter le fond des choses, et de quoi se lancer en concret pour ceux qui oseront faire le pas ! En bonus : un recto-verso simplifié et commenté du rituel (en couleur, wahou !) à télécharger, pour enrichir sa pratique du sacrement… Et un petit supplément sur les addictions, plein de ressources.
Bonne lecture !
Introduction
Deux excellentes vidéos pour introduire le sujet… L’essentiel est dit !
Un peu de théologie sur ce sacrement…
1. Le Mystère Pascal
C’est important de comprendre que la réconciliation est un Mystère qui nous dépasse. Il dépend de la personne de Jésus-Christ par qui Dieu a voulu se réconcilier avec les hommes. Chaque fois que nous célébrons la liturgie de l’Église, c’est le Mystère Pascal qui est célébré. Le sacrement de Pénitence et Réconciliation est donc une mort et Résurrection avec Jésus-Christ, nous y célébrons sa victoire sur le péché.
Du fait que le Mystère pascal est vécu dans ce sacrement, il convient d’avoir déjà vécu cette Pâque, ce passage, par le baptême qui lave la personne de tous ses péchés, et de la faute originelle. Sont donc admis au sacrement de Pénitence et Réconciliation les chrétiens baptisés. La confession est une restauration du baptême.
2. Réalité du sacrement
Quatre mots peuvent définir une réalité contenue dans ce sacrement qui est un double effort, celui de Dieu et de l’homme :
- Conversion : c’est le changement radical d’orientation de toute la vie ;
- Pénitence : ce sont les actes par lesquels la personne manifeste sa conversion ;
- Pardon : c’est l’initiative de Dieu envers la personne ;
- Réconciliation : c’est le résultat du cheminement qu’on pourrait aussi qualifier d’amitié renouvelée avec Dieu.
3. La dimension ecclésiale
La dimension ecclésiale est très importante. De même que lorsque nous péchons, c’est toute l’Église qui est atteinte, de même, lorsque nous célébrons le sacrement, c’est toute l’Église qui en est bénéficiaire. Le sacrement de Pénitence et Réconciliation n’est pas une « remise à zéro » sur sa vie spirituelle, c’est une véritable démarche ecclésiale où le pénitent vient confesser l’amour de Dieu, et ses propres péchés. Les grâces reçues sont donc à la mesure de l’Église entière.
4. Finalité de la liturgie
Toute liturgie, et a fortiori tout sacrement, nous pousse à l’action. Ainsi, nous retrouvons plusieurs invitations dans le sacrement de pénitence et réconciliation :
- Le pardon mutuel ;
- Le partage, et toutes les formes de luttes pour sortir de l’égoïsme ;
- Le refus de l’injustice et la lutte pour une plus grande justice ;
- L’engagement apostolique dans l’esprit de service et de don de soi ;
- La prière comme renouvellement de l’Alliance avec Dieu.
5. Les quatre éléments essentiels de la pénitence
Pour qu’il y ait pardon, il faut qu’il y ait péché. L’Église nous donne les quatre points essentiels pour reconnaître le péché et pour avoir la ferme assurance que Dieu le pardonne.
- La contrition
C’est la reconnaissance et le regret du péché commis avec la résolution de ne plus le commettre. La vérité de la pénitence en dépend directement. Une contrition véritable amène à une conversion véritable.
- La confession
C’est le fait de confesser explicitement ses péchés devant le ministre ordonné (le prêtre ou l’évêque) qui reçoit la confession au nom même de Dieu. Dans ce cadre, la confession reste absolument un secret inviolable entre le ministre du sacrement et le pénitent.
- La satisfaction
C’est le signe plus explicite de conversion et de pénitence de la part du pénitent. C’est un remède généralement donné par le prêtre qui confesse pour sortir du péché et renouveler sa vie en Dieu (on l’appelle aussi pénitence).
- L’absolution
C’est l’accomplissement du sacrement. Le ministre du sacrement donne le pardon de Dieu. Le Père accueille son enfant qui se tourne vers lui, le Christ prend joyeusement sur ses épaules la brebis égarée. Elle est inséparable de la table eucharistique de Dieu. Une fois le fils prodigue retrouvé, le Père ordonne un grand banquet pour fêter ce retour. Le sacrement de la Pénitence et Réconciliation appelle donc directement au sacrement de l’Eucharistie.
6. Les formes non sacramentelles de demande de pardon
L’Église distingue deux formes de péchés : le péché véniel et le péché mortel. Elle enseigne que le péché mortel est le péché qui nous sépare fondamentalement de Dieu. Tandis que le péché véniel est en quelque sorte un pas en arrière qui nous éloigne petit à petit de Dieu.
Le péché mortel, ou péché grave, demande de recourir au sacrement du baptême pour ceux qui ne l’ont pas reçu ; ou bien un renouvellement de ce sacrement par celui de la Pénitence et Réconciliation. Par lui, nous sommes réconciliés avec Dieu et avec l’Église.
Le péché véniel, quant à lui, peut demander simplement une contrition parfaite et une satisfaction à travers divers moyens proposés par l’Église. Ces moyens sont entre autres :
- L’Eucharistie ;
- Le jeûne, la prière et l’aumône comme le recommandent l’Écriture Sainte et les Pères de l’Église ;
- Une prière pénitentielle tel le confiteor ou le Notre Père ;
- La lecture de l’Écriture Sainte ;
- Des gestes de réconciliation dans la vie quotidienne ;
- Le souci des pauvres ;
- L’exercice et la défense de la justice et du droit par l’aveu des fautes aux frères ;
- L’exercice de la correction fraternelle ;
- La révision de vie ou l’examen de conscience ;
- La direction spirituelle ;
- L’acceptation des souffrances ;
- L’endurance de la persécution à cause de la justice ;
- Etc.
7. Les effets du sacrement
Le sacrement de Pénitence et de Réconciliation a pour effets :
- La réconciliation du pécheur avec Dieu ;
- La réconciliation du pécheur avec l’Église ;
- D’une certaine façon, l’anticipation du jugement à la fin de sa vie terrestre.
8. L’indulgence
Enfin, le dernier bénéfice du sacrement célébré, c’est l’indulgence de Dieu. En quelques mots, c’est la remise des peines temporelles dues aux péchés. L’Église ne vient pas seulement en aide au chrétien, mais elle veut l’inciter à une conversion réelle et à un chemin de foi par les œuvres de piété, de pénitence et de charité. Par l’indulgence, le sacrement et toutes les peines vécues par le pénitent œuvrent dans la communion des saints pour la sanctification du pénitent lui-même, ou bien dans le mystère de la communion des saints, pour les défunts.
Passer à l’action !
1. La préparation
Saisir un prêtre de manière très spontanée quand on en croise un et lui demander une confession express, c’est tout à fait possible, on peut confesser à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et dans n’importe quel lieu – du moment qu’il n’y a pas trop de monde à proximité pour pouvoir chuchoter sans être entendu des autres-. Mais généralement, ce cas de figure est peu fréquent. Les confessions se pratiquent sur des créneaux bien définis ; ce qui fait qu’on a normalement pris la décision de « se jeter à l’eau », et par conséquent, qu’on a un peu de temps pour se préparer.
Ce petit temps de préparation est important pour avoir les idées ordonnées, et pour se laisser éclairer par le Seigneur sur sa vie, tout particulièrement sur les zones d’ombre qu’on a du mal à ne pas mettre de côté. Voici donc quelques conseils qui peuvent guider une préparation, un examen de conscience.
L’unique commandement
« Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s’avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » » Et personne n’osait plus l’interroger. Mc12,28-34
- Aimer le Dieu unique
- Aimer son prochain
- S’aimer soi-même
- Être respectueux de son environnement (Création, bien commun, etc.)
La notion de péché
« On peut distinguer les péchés selon leur objet, comme pour tout acte humain, ou selon les vertus auxquelles ils s’opposent, par excès ou par défaut, ou selon les commandements qu’ils contrarient. On peut les ranger aussi selon qu’ils concernent Dieu, le prochain ou soi-même ; on peut les diviser en péchés spirituels et charnels, ou encore en péchés en pensée, en parole, par action ou par omission. La racine du péché est dans le cœur de l’homme, dans sa libre volonté, selon l’enseignement du Seigneur : » Du cœur en effet procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations. Voilà les choses qui rendent l’homme impur » (Mt 15, 19). Dans le cœur réside aussi la charité, principe des œuvres bonnes et pures, que blesse le péché. » CEC 1853
La différence entre péché mortel et péché véniel dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique.
Petites questions à se poser quand on n’a rien à dire 🙂
Est-ce que je mérite qu’on place une statue de moi dans l’église ? C’est important de s’estimer correctement et de reconnaître ses qualités. Mais pour autant, suis-je déjà un saint qu’on peut prendre pour exemple dans tous les domaines ?
Ne suis-je pas en train de justifier mes tendances mauvaises ? Il y a certes ce qui est du caractère, du tempérament, de l’éducation, etc. Mais ai-je bien fait les efforts nécessaires pour lutter contre mes « jolis petits défauts » ?
Lâcher les derniers freins pour faire le premier pas
- Ne pas hésiter à choisir son prêtre, les autres ne seront pas vexés ;
- On n’est pas jugé ;
- Le secret sera toujours absolu ;
- Même si le prêtre est mauvais, le sacrement est efficace parce que c’est un sacrement ;
- On est tous pécheur, on a tous besoin d’y aller, même le confesseur !
2. Découvrir ou redécouvrir le rituel
1. S’accueillir mutuellement
La célébration commence par une rencontre humaine : prêtre accueille le pénitent. En quelques mots ce dernier peut se présenter (situation familiale, sociale, professionnelle, etc.) afin que le prêtre, en la personne de Jésus Christ qu’il représente, puisse s’adapter au mieux au pénitent qu’il reçoit.
Le pénitent peut ensuite dire :
Bénissez-moi, mon Père, parce que j’ai péché.
Pour entrer dans la partie sacramentelle, ils peuvent alors faire le signe de croix.
Le pénitent peut dire la prière du Je confesse à Dieu pour se préparer spirituellement.
Le prêtre peut alors donner une bénédiction :
Que Dieu vous donne sa lumière pour confesser vos péchés en même temps que son amour pour vous.
Ou :
L’Esprit Saint vous a conduit jusqu’ici ; Demandons-lui de nous éclairer l’un et l’autre, maintenant, pour célébrer dans l’Église le pardon du Seigneur.
Ou une autre formule proposée dans le rituel.
2. Ecouter la Parole de Dieu
Comme dans tout sacrement et sacramental, la Parole de Dieu est nécessaire dans la célébration pour se resituer dans l’histoire du Salut. Elle est aussi présente pour interpeller le pénitent sur son propre Salut, pour mettre en lumière ses péchés et lui faire prendre conscience de la mesure infinie de la Grâce de Dieu.
Dans le sacrement de pénitence et réconciliation, la lecture de la Sainte Écriture sera choisie si possible par le pénitent, et sera placée au moment qui semblera le plus approprié, avant ou au cours de la célébration avec le ministre du sacrement. L’idéal est de s’être préparé avec cette lecture avant la rencontre.
Exemples de lectures :
Ancien Testament :
- Isaïe 53,4-6
- Ezéchiel 11,19-20
Nouveau Testament :
- Matthieu 6,14-15
- Jean 20,19-23
- Romains 5,8-9
- Colossiens 1,12-14
3. Confesser l’amour de Dieu en même temps que son propre péché
Avant de confesser ses péchés, on peut exprimer une action de grâces au Seigneur (un merci).
Reconnaissance et aveu des péchés. Maintenant, le pénitent reconnaît et exprime ses péchés à Dieu par l’intermédiaire du confesseur. Le secret de la confession est inviolable, c’est à dire que le prêtre ne peut sous aucune condition redire les péchés du pénitent qu’il reçoit.
La satisfaction (ou pénitence). Le prêtre propose alors une pénitence à la personne qu’il confesse. Cette pénitence a pour but de renouer le lien avec Dieu en manifestant concrètement un acte de conversion.
4. Accueillir le pardon de Dieu
Chaque fois que c’est possible, prêtre et pénitent prient ensemble. Ils peuvent utiliser la prière du Notre Père, ou bien un psaume adapté.
Sinon, le pénitent prie seul pour exprimer sa contrition et sa résolution de changer de vie. Il peut le faire par une prière spontanée, ou bien l’une de celles du rituel :
Mon Dieu, J’ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence.
Ou bien :
Seigneur Jésus-Christ, Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, par la grâce du Saint Esprit, daigne me réconcilier avec Dieu, notre Père ; par ton sang, lave-moi de toute faute et fais de moi un homme qui vive pour célébrer ta gloire.
Alors, le prêtre, en étendant les mains vers le pénitent dit la prière suivante :
Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ; par la mort et la résurrection de son Fils il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés : Par le ministère de l’Eglise qu’il vous donne le pardon et la paix.
Et moi, au nom du Père et du Fils + et du Saint Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.
Amen.
Le sacrement est donné, maintenant le prêtre invite le pénitent à entrer dans l’action de grâces. Il peut utiliser une des formules d’envoi suivantes :
Allez dans la paix et la joie du Christ.
Béni soit Dieu maintenant et toujours.
Ou bien :
Que votre vie témoigne de l’amour de Dieu avec tous les chrétiens. Allez dans la paix du Christ.
Béni soit Dieu maintenant et toujours.
Le prêtre peut conclure avec la formule d’indulgence :
Que la Passion de Jésus Christ, notre Seigneur, l’intercession de la Vierge Marie et de tous les saints, tout ce que vous ferez de bon et supporterez de pénible contribue au pardon de vos péchés, augmente en vous la grâce pour que vous viviez avec Dieu.
Les addictions…
Difficile de dire si les addictions sont plus présentes à notre époque en particulier… En tout cas, elle sont probablement plus visibles, plus accessibles, et mieux prises en charge. Parmi elles, on retrouve l’addiction à la pornographie, mal invisible dont soupçonne mal les enjeux et la souffrance qu’elle engendre. J’ai fait une petite sélection de sites web pour mieux l’expliquer, et pour s’en sortir si vous en avez besoin pour vous ou vos proches.
Informations générales et ressources : https://www.stopauporno.fr/
Témoignage : https://stopporn.fr/
Parcours de 40 jours pour sortir de la pornodépendances : https://librepouraimer.com/
Ressources diverses et chat en direct avec des internautes chrétiens pour demander un soutien spirituel : https://www.sosporno.net/
Ressources de Thérèse HARGOT, sexologue reconnue : https://theresehargot.com/
Si vous êtes confrontés à d’autres addictions telles que l’alcool, la drogue, les jeux vidéos, … deux communautés accueillent les personnes dépendantes pour s’en sortir, et offrent des ressources pour les proches :
Saint Jean Espérance : https://www.stjean-esperance.net/
La communauté du Cenacolo : https://www.comunitacenacolo.it/fr/