Chers amis,
J’ose espérer que tout le monde connaît la fameuse tarte au citron meringuée… Elle est différente de la « tarte au citron tout court », n’est-ce pas ? Il manque quelque chose si on a juste une tarte au citron… On est d’accord ?
Aujourd’hui, c’est un peu pareil. On dit « dimanche des rameaux ». C’est vrai, mais ce n’est pas tout. La partie rameaux est assez brève pendant la messe, et en cette période de confinement, elle est omise quasiment partout, comme ici, faute de fidèles pour faire une procession. Aujourd’hui, si c’était juste le dimanche des rameaux, il manquerait le côté meringué… La fête aujourd’hui s’appelle « dimanche des rameaux et de la Passion du Seigneur ». C’est pourquoi la couleur liturgique est le rouge : la Passion. L’amour brûlant comme le feu, l’amour jusqu’au sang. Depuis dimanche dernier, on est entré dans le temps de la Passion qui va durer jusqu’à la Résurrection ! C’est le temps où Dieu nous montre la souffrance qu’il endure pour nous faire ressentir l’intensité de son amour.
Plutôt que de vous commenter les magnifiques lectures et le récit de la Passion qu’on vient d’entendre, je préfère vous proposer une petite méditation sur les oraisons de la messe. Il y en a 3, et chacune permet de mettre en relief un aspect de la Parole de Dieu…
- On ne mérite rien
« Souviens-toi, Seigneur, de la passion de ton Fils, ne tarde pas à nous réconcilier avec toi : il est vrai que nous n’avons pas mérité ton pardon, mais nous comptons sur ta miséricorde et sur la grâce du sacrifice de Jésus. » C’est la prière super oblata, prière sur les offrandes.
Comme Dieu donne tout, et parfaitement, on a beau faire de notre mieux, on ne lui arrive pas à la botte. Même une Mère Teresa qui a consacré toute sa vie aux plus pauvres n’était pas parfaite et allait se confesser régulièrement. Donc on a beau vivre une belle charité, on ne mérite toujours pas la grâce de Dieu. Ça nous replace dans une attitude d’humilité où on n’est pas en compétition pour « gagner son Ciel ». Je n’aurai pas une meilleure place en Paradis en fonction de mes bonnes actions, même si elles sont importantes.
La grâce de Dieu est gratuite. Son amour est gratuit. La seule condition pour le recevoir, c’est de l’accepter. C’est comme l’eau courante chez soi. Il suffit d’ouvrir le robinet pour en bénéficier. Sauf qu’elle, elle est payante.
- On est appelés à contempler
« Dieu éternel et tout-puissant, pour montrer au genre humain quel abaissement il doit imiter, tu as voulu que notre Sauveur, dans un corps semblable au nôtre, subisse la mort de la croix : accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion et d’avoir part à sa résurrection. » C’est la collecte, la prière d’ouverture que vous avez entendue au début de la messe.
« Accorde-nous cette grâce de retenir les enseignements de sa passion… » Pour retenir les enseignements de la Passion, ça demande d’imiter la Vierge Marie qui « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur ». La première attitude, c’est celle de l’écoute, de l’accueil de la Parole de Dieu. Pour ça, il faut ouvrir la Bible… On peut relire ou réécouter dans la semaine les textes du dimanche. Après, l’Évangile se heurte au cerveau, à la raison. C’est d’ailleurs ce que fait remarquer la Vierge Marie dans le récit de l’Annonciation : « Mais comment cela va-t-il se faire […] ? » L’ange lui répond par la promesse de la grâce. L’Évangile descend alors au cœur et devient fécond. Nous devons faire pareil avec le récit de la Passion : qu’il traverse l’oreille et la raison pour aller au cœur.
- On récolte dans l’espérance
« Tu nous as fortifiés, Seigneur, dans cette communion à tes saints mystères et nous te supplions encore : toi qui nous as donné, dans la mort de ton Fils, l’espérance des biens auxquels nous croyons, donne-nous, dans sa résurrection glorieuse, de parvenir au Royaume que nous attendons. » C’est l’oraison post-communion, celle que le prêtre dit juste après la communion… ou juste avant les annonces, ça dépend comment on voit les choses…
On nous parle de communion ici. Vous tous qui nous regardez, vous ne pourrez pas recevoir physiquement l’Eucharistie. Mais en regardant la messe sur un écran, vous manifestez déjà votre désir de communion. Par cette attitude, vous rejoignez tous ceux qui ne peuvent pas communier en temps normal, à cause de la maladie, par manque de prêtre, ou bien en raison de leur situation canonique ou matrimoniale. La communion de désir et la communion à ce corps souffrant de l’Église en est d’autant plus grande ! C’est là qu’on répond par la foi à cette oraison : « tu nous as donné l’espérance des biens auxquels nous croyons ». Ici, on par notre attitude, on récolte déjà les biens éternels. Il faut croire fort pour récolter beaucoup !
Conclusion
La Passion, c’est une histoire d’amour, de don sans retour, de don jusqu’au bout. C’est comme toutes ces belles histoires où le héros sacrifie son amour ou sa vie pour son ou sa bien-aimé(e)… Sauf qu’avec Jésus, on a la Résurrection au bout. Donc le personnage central n’est pas un héros, c’est un saint, et la scène finale, le tableau triomphal, c’est à nous de l’écrire, c’est à nous de le choisir.
Bonne fête des rameaux et de la Passion du Seigneur, et bonne entrée dans la Semaine Sainte.
Amen !