5ème dimanche de carême 2020 année A

Chers amis,

Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’avoir une idée en tête, de vous mettre en route pour l’accomplir ; et une fois sur place, d’oublier pourquoi vous êtes à cet endroit ? Moi, ça m’arrive souvent. Quand tout se bouscule dans la tête, j’en oublie ce que je suis en train de faire… C’est le contraire du matin où parfois il n’y a rien en tête, et il faut faire un plan d’action pour réaliser qu’on est chez soi, qu’il faut s’extraire du lit malgré la brume épaisse, … Bref, que ce soit la surchauffe cérébrale ou le néant intersidéral, on a parfois besoin de s’arrêter un instant pour redonner du sens à ce qu’on fait, et à ce qu’on est.

Cette phase du carême est sans doute un peu similaire. Au milieu des efforts quotidiens, des jeûnes et petites privation, lassés de ce confinement qui devient long, habitués aux petites phrases qui promettent la prière les uns pour les autres sans qu’on n’y croie plus vraiment, blasés par des temps de spiritualité qui n’ont sans doute plus beaucoup de saveur ; on se trouve bien au kilomètre 31 du marathon, le kilomètre fatidique ! C’est celui de trop, celui où on n’a plus de force, celui où on pense à Newton et la loi de gravité qui nous fait sentir le poids du corps, c’est celui où on veut faire une pause, s’arrêter, abandonner… Et pourtant, c’est le kilomètre où commence l’effort intense de la volonté, c’est là qu’on mesure ce qu’on a dans les tripes !! Bienvenue dans le 5ème dimanche de carême.

Petit récapitulatif de ce pour quoi on court, et petit encouragement… Le tout en 3 points.

  • Objectif Résurrection

Si vous êtes habitués à lire l’évangile du jour que nous offre la liturgie, vous avez sans doute remarqué qu’on a eu beaucoup de guérisons en début de semaine. Et aujourd’hui, on arrive avec une résurrection.

Si Dieu guérit les âmes, les corps, les psychismes, s’il libère de l’emprise démoniaque, c’est pour nous montrer ce à quoi on est destiné : la résurrection. Dans les croyances diverses et variées, il est assez communément admis que l’âme est immortelle. Mais nous, chrétiens, nous croyons que le corps va vivre une Pâque, un Passage. Il va passer par la mort avant de ressusciter. Pour les modalités techniques et le résultat final, on n’a pas trop de détails… Mais même sans tout savoir sur le sujet c’est le cœur de notre foi, la Résurrection ! Donc si Jésus vient guérir, c’est pour soulager notre peine, et pour nous montrer que nous sommes des êtres unifiés : corps, âme, esprit, et que c’est tout entier qu’on vivra éternellement.

C’est aussi le sens du jeûne et des efforts pendant le carême. Se tourner vers la dignité nouvelle qu’on espère et qu’on attend, celle d’avoir des corps glorieux à la résurrection.

  • La Résurrection a déjà commencé

Elle a déjà commencé, mais elle n’est pas encore accomplie, il reste du chemin. Et comment on peut la voir ?

« Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez. » Ézéchiel ; « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » Saint Paul. Il s’agit de l’Esprit Saint qui commence le travail de résurrection. La vie éternelle démarre avec le don de l’Esprit Saint. Et comment on l’obtient ?

On l’obtient par le baptême, puis par la confirmation, et dans chaque sacrement. On l’obtient par la prière, quand on le demande… La prière à l’Esprit Saint n’est pas réservée pour la Pentecôte. C’est une prière qui doit être quotidienne, de la même manière que quotidiennement on allume la cafetière ou la bouilloire. Notre dignité de ressuscités en dépend ! La Résurrection commence avec le don de l’Esprit-Saint.

  • Dieu est plus proche qu’on ne l’imagine

Aller, c’est le petit point encouragement. Je dis souvent qu’il faut faire des efforts pour se rapprocher de Dieu, mais ça fait du bien aussi de savoir qu’il est là et qu’il veille.

Dans cet épisode de l’Évangile, on a un des rares passages bibliques où on peut se rendre compte de l’émotion intense de Dieu… « Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, […] Alors Jésus se mit à pleurer. » Au début de l’Évangile, on a un Jésus confiant, peu affecté parce qu’il sait qu’il va ressusciter Lazare. Mais à ce moment précis, il est complètement bouleversé par la tristesse des amis et de la famille de Lazare. Il montre une compassion et une empathie ardentes.

Quand on prie avec le cœur, même si Dieu sait ce qu’il faut faire, et ce dont on a besoin ; il se laisse toujours ébranler par nos tristesses, par ce qui nous tracasse, par nos soucis et nos souffrances. Dieu a un cœur ! C’est le cœur de Jésus.

Conclusion

Ne perdons pas de vue, chers amis, que le but de notre vie, c’est de commencer à vivre comme des ressuscités. De même qu’un pâtissier n’attend pas de passer le diplôme pour faire son premier gâteau, n’attendons pas de mourir pour vivre l’éternité dès maintenant ! Jésus est venu sur terre, et il est reparti. En attendant qu’il revienne, il nous a laissé l’Esprit-Saint. Alors maintenant, à nous d’en faire bon usage !

Courage pour le confinement, courage pour la fin du carême, courage pour le 31ème kilomètre… Dieu est présent et il vit l’épreuve avec nous.

Amen.

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